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Election présidentielle : que faire ?

par Kharroubi Habib

Faut-il boycotter l'élection présidentielle au motif que fidèle à lui-même le pouvoir est déterminé à en manipuler le scrutin qui ne sera de ce fait ni propre, régulier et transparent ? Ou y participer car comme le prétend Soufiane Djillali, président du parti Jil Jadid qui vient d'annoncer qu'il se portera candidat à la présidentielle, le boycott est «absurde et coûteux» pour la démocratie ?

A moins de six mois de cette élection présidentielle, ils sont peu les acteurs politiques de l'opposition, formations partisanes et personnalités nationales à s'être franchement déclarés pour l'une ou l'autre option. Il faut reconnaître que le soupçon que les partisans de la première option avancent comme argument n'apparaît pas dénué de fondement au vu des verrouillages opérés par le pouvoir en tout ce qui a un lien direct avec la préparation et l'organisation du scrutin. Y prendre part dans ces conditions, c'est effectivement prendre le risque d'apparaître comme ayant accepté de jouer «les lièvres» et d'offrir au pouvoir l'alibi d'une confrontation électorale «démocratique» du fait de leur participation, tout comme a également du sens l'argument des partisans de la participation qui considèrent que le contexte national, régional et international plaide pour en découdre avec le candidat officiel car les Algériens sont en demande du changement et ne laisseront pas cette fois leurs votes être manipulés et détournés.

Le hic c'est que parmi les participationnistes potentiels nombreux sont ceux qui font preuve d'hésitation à se déclarer et donnent ainsi l'impression d'attendre de quelconques signaux des sphères du pouvoir. En se portant candidat, Soufiane Djillali semble avoir voulu leur signifier que la posture qui est la leur ne rend pas visible aux yeux de l'opinion nationale l'enjeu de l'élection présidentielle qui est de rendre possible une solution démocratique à la crise politique algérienne, à la condition que les acteurs politiques de l'opposition ne «se cachent pas derrière le jeu politique possible du pouvoir» et se décident à «prendre leurs responsabilités» en allant «la défendre sur le terrain». Fort de cette certitude, le président de Jil Jadid a sauté le pas et rejoint l'ancien chef du gouvernement Ahmed Benbitour sur la liste des candidats certains pour l'élection présidentielle.

Une autre personnalité politique semble avoir abouti à la même conclusion que le président de Jil Jadid. Il s'agit de l'ancien chef du gouvernement Ali Benflis dont les partisans se comptent et s'organisent avec la certitude qu'il va très prochainement officialiser sa décision de participer à la compétition de l'élection présidentielle. Les autres se « tâtent » encore en s'abritant derrière des préalables sur lesquels ils n'ont pu obtenir satisfaction de la part du pouvoir lors des précédents scrutins présidentiels, ce qui n'a pas empêché la participation de certains d'entre eux à ces scrutins. Ce qui renforce le sentiment qu'ils font durer le suspense uniquement pour forcer le pouvoir à leur concéder en contrepartie de leur présence à l'élection présidentielle des concessions qui n'ont rien à voir avec l'enjeu de cette cruciale échéance qui est le changement de système et du régime par une solution démocratique.