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C'est une bien
étrange affaire de «tentative d'homicide volontaire, avec préméditation et
incendie volontaire» qu'a eu à traiter, dimanche dernier, le tribunal criminel
près la cour de justice de Médéa que préside le juge Mohamed Martil.
Une affaire dont les faits remontent, selon l'arrêt de renvoi, au 7 avril dernier, dans le quartier «Chelaâlaâ» situé à la périphérie sud-est de la ville de Médéa. Il était, en effet, 14h , quand une dispute verbale survint entre le jeune Badreddine L, âgé de 22 ans et un voisin de quartier, âgé de 51 ans. Ce dernier tentant de calmer le jeune homme qui proférait des insultes et de grossièretés à l'encontre d'une autre personne, s'est vu accroché à son tour par Badreddine L., qui deviendra le principal accusé, dans cette affaire. Une dispute verbale qui allait s'aggraver et tourner à un accrochage physique n'était-ce l'interposition d'autres voisins qui réussirent à ramener le calme, en séparant les deux antagonistes. Mais pas définitivement car, au soir du même jour, à 21h30, Badreddine L. reviendra à la charge en interpellant, à nouveau, le voisin avec qui il s'était accroché, verbalement, en début d'après-midi. Ce voisin était en discussion avec d'autres voisins. Ils étaient tous devant une épicerie, appartenant à Bachir D, un quinquagénaire. Subitement Badreddine L. s'en prit à Bachir D et à son local. Aidé de son ami Abdennour C, âgé de 24 ans, Badreddine L. s'empara d'une bouteille en plastique pleine d'essence, arrosa la devanture de l'épicerie et aspergera son propriétaire, avant d'y mettre le feu. Pourquoi ? C'est la question qui ne trouvera aucune réponse, durant tout le temps que durera l'audience, malgré toute la perspicacité dont fera preuve le juge Mohamed Martil. Heureusement pour Bachir D, et son local, les personnes présentes arriveront à vite maîtriser et éteindre le feu. Tout au long de leur interrogatoire, les deux accusés nieront en bloc toutes les accusations portées contre eux. «Et pourtant, le rapport établi par les services de sécurité et les photos prises sur les lieux en question sont catégoriques», dira le président du tribunal. Et d'ajouter : «Vous étiez ivres, tous les deux, ce jour-là» ce à quoi les deux accusés répondront : «non !». Un imbroglio qui n'arrivera pas à démêler les déclarations des témoins, appelés à la barre dont, notamment, le voisin accroché, verbalement, à deux reprises, par Badreddine L. Des déclarations diamétralement opposées et contradictoires par rapport à celles faites durant l'instruction du dossier. La partie civile n'ayant pas engagé d'avocat, la victime Bachir D, faisant part de son pardon. La parole est donnée au représentant du ministère public : «Les faits de l'accusation sont bien établis et le rapport des services de Sécurité et les photos figurant dans le dossier sont là pour le prouver. C'est pourquoi nous réclamons une peine de prison de 15 années fermes à l'encontre des deux accusés Badreddine L. et Abdennour C.» Lui emboîtant le pas, maîtres Tahar Kaci et Hadda Amara, les deux avocats de la défense s'évertueront à démontrer le non fondement des accusations portées à l'encontre de leurs deux mandants : «Il n'y a aucune preuve tangible. Le seul tort de nos mandants étant celui d'être taxés de bagarreurs, méchants? dans ce quartier de Chelaâlaâ. Aussi, nous demandons l'acquittement pur et simple en leur faveur». Après délibérations, le tribunal criminel près la cour de justice de Médéa accordera les circonstances atténuantes aux deux accusés et prononcera des peines de prison ferme de 5 ans à l'encontre de Badreddine L. et de 3 ans pour Abdennour C. |
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