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Alors que la Syrie est secouée par un nouvel attentat : «Genève-2», le 23 novembre

par Moncef Wafi

La date du 23 novembre avait déjà été avancée, jeudi dernier, par le vice-Premier ministre syrien, Kadri Djamil, pour la conférence dite de « Genève-2 » mais aussitôt démentie par la Russie et les Etats-Unis. Pourtant, c'est cette même date qui a été annoncée par l'émissaire de l'ONU et la Ligue arabe pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, à partir du Caire. L'Algérien a toutefois indiqué que sans la présence d'une opposition syrienne « crédible », il n'était pas envisageable de réunir la Conférence destinée à trouver une issue politique à un conflit qui a fait depuis mars 2011 plus de 115.000 morts. En évoquant l'opposition, M. Brahimi fait certainement référence au Conseil national syrien (CNS), principale composante de l'opposition syrienne en exil pour qui, selon son chef, George Sabra, il n'est pas question, dans l'état actuel des choses, de participer aux négociations avec le régime d'Al-Assad. Malgré la position du CNS, Washington affiche toujours son optimiste quant à la faisabilité de « Genève-2 » et son chef de la diplomatie, John Kerry, compte se rendre à Londres où se tiendra demain la réunion des Amis de la Syrie pour essayer de convaincre l'opposition syrienne de participer à la Conférence en question. Le secrétaire d'Etat américain devra ainsi rencontrer les représentants des pays qui la soutiennent dont l'Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie. Les ministres de 11 pays occidentaux et arabes ainsi que l'opposition syrienne modérée doivent ainsi se retrouver ce mardi à Londres pour préparer cette conférence et convaincre les plus réticents de la CNS d'adhérer au processus. Aux yeux des opposants syriens en exil, ces efforts restent vains tant que la question du maintien au pouvoir de Bachar al-Assad ne sera pas inscrite à l'ordre du jour de la Conférence de paix alors que Damas exclut tout départ anticipé de son président. Une opposition certes divisée, mais qui devra décider la semaine prochaine à Istanbul de sa participation ou non à « Genève-2 ». En parallèle des démarches américaines, Lakhdar Brahimi, a entamé depuis ce samedi une tournée qui l'amènera dans les principaux pays du Moyen-Orient avec des escales à Damas, mais aussi à Téhéran, au Qatar et en Turquie. Il se rendra ensuite à Genève afin d'y rencontrer des représentants russes et américains, parrains de ce projet de conférence. Damas a accepté la venue sur son territoire de l'émissaire de l'ONU et la Ligue arabe pour la Syrie sous la condition de l'impartialité de son travail, a rapporté, hier, le journal pro-régime Al-Watan. L'on se rappelle que lors de sa dernière visite en Syrie, qui remonte à 2012, il avait été lourdement critiqué par les autorités qui lui reprochent de travailler comme un « protagoniste d'un conflit international autour de la Syrie ». L'émissaire de l'ONU avait alors suggéré la mise en place d'un gouvernement de transition qui aurait les pleins pouvoirs avant que des élections puissent avoir lieu. Sur le terrain, au moins 31 personnes sont mortes, dont des soldats, dans un attentat suicide à Hama, a annoncé l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), basé en Grande-Bretagne. Une voiture piégée a explosé hier matin dans un faubourg de Hama, a annoncé de son côté la télévision d'Etat. « Selon les premières informations, l'explosion visait un check-point près d'une entreprise de véhicules agricoles où sont basées des troupes du régime », a précisé l'OSDH. Par ailleurs, neuf pèlerins chiites libanais libérés après 17 mois de détention par des rebelles syriens sont rentrés samedi soir au Liban. En outre, deux pilotes turcs enlevés en août pour faire pression afin d'accélérer la libération des pèlerins ont regagné, eux aussi, leur pays alors que plusieurs voix s'élèvent pour réclamer un accès humanitaire aux civils pris au piège des combats et des sièges et menacés désormais par la poliomyélite dont deux cas suspects ont été détectés. Quant à l'arsenal chimique syrien, M. Kerry a assuré qu'il pourrait être « convoyé par bateau hors de la région » pour être détruit en toute sécurité ; la Russie, quant à elle, a jugé cette proposition prématurée.