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Le TRC se prépare à 2015

par A. Mallem

Du sang neuf et une vision nouvelle pour le théâtre régional de Constantine dont 50 % du personnel artistique et technique sont arrivés à l'âge de la retraite, «la retraite administrative s'entend», a précisé M. Zetili Mohamed, conseiller au ministère de la Culture et chargé d'une mission de rénovation du TRC pour le préparer à l'échéance de 2015 dans le cadre de l'évènement «Constantine capitale de la culture arabe».

Nommé à la tête de cette institution culturelle âgée maintenant de 130 ans (l'édifice abritant le TRC a été construit en 1883) ce cadre supérieur du ministère de la Culture est en poste depuis quatre mois seulement. Mais pour ce poète et écrivain qui a occupé le poste de directeur de la culture dans plusieurs wilayas de l'Est, il n'y a pas de retraite dans le domaine artistique «et le Théâtre régional de Constantine est riche de compétences créatives et techniques», a-t-il affirmé, hier, sur le plateau de l'émission hebdomadaire «Forum de la radio» dont il était l'invité. Il a reconnu néanmoins que l'activité créatrice du TRC a connu un repli durant la décennie noire, «mais nous allons mettre fin à cette période de disette en tournant le dos au concept des portes fermées». Et de poursuivre en indiquant qu'il a été chargé par la ministre de la Culture d'instaurer une nouvelle vision du rôle du théâtre dans la société en général et dans la perspective de la préparation de l'évènement de 2015. Selon M. Zetili, il s'agit aussi de créer au sein du TRC une ambiance de travail propice à l'épanouissement des immenses potentialités que recèle le TRC, de revaloriser la place de l'artiste de théâtre et enfin d'instaurer une transparence dans la gestion. Il insistera beaucoup sur la nécessité de casser tous les obstacles pouvant se dresser entre le 4ème art et son public et créer les conditions de sa présence en force dans l'agenda culturel de la cité.

Selon le nouveau directeur du TRC, la nouvelle vision théâtrale doit s'articuler principalement sur la formation des futures générations d'artistes et hommes de théâtre par le transfert de l'expérience des anciens. Et cela va se faire à travers des ateliers de formation qui seront mis en place et encadrés par une pléiade d'anciens artistes locaux ainsi que par la contribution de ceux qui viendront des autres régions du pays, notamment avec le concours de l'Institut d'art dramatique de Bordj El-Kiffane. Il a souligné à ce propos qu'une annonce de recrutement pour formation de futurs artistes de théâtre a été lancée, et le TRC a enregistré 70 candidatures des deux sexes. Après un tri judicieux, 64 d'entre eux ont été retenus dans le cadre d'un programme de formation qui a démarré le 4 octobre dernier.

En matière de production théâtrale, Mohamed-Tayeb Dehimi, artiste et metteur en scène bien connu à l'échelle nationale, chargé par ailleurs du service technique au TRC, invité lui aussi à l'émission, a annoncé le montage d'une nouvelle pièce théâtrale, « la symphonie de la Terre », tirée d'un texte du poète palestinien Mou'in Bsissou, qui traite du colonialisme à travers la révolte de fellahs. « Mais ce qui nous intéresse le plus dans ce texte, ce sont les mutations sociales induites par la lutte contre le phénomène colonial. La générale de la pièce est annoncée pour le 16 ou le 20 novembre prochain », a dit Dehimi. Revenant au micro, M. Zetili a envoyé un message clair pour éviter tout chevauchement de prérogatives : « Nous ne tolèreront aucune tutelle sur le TRC que celle du ministère de la Culture, et nous ne reconnaîtront d'autorité locale que celle du wali ». A une question sur la nécessité du recours à l'adaptation de textes étrangers alors qu'il existe de réelles potentialités locales dans le domaine de la création théâtrale, M. Dehimi est intervenu pour dire que le problème ne se situe pas à ce niveau et qu'il y a un problème latent de pénurie de textes qui n'est pas seulement propre à l'Algérie mais qu'il se situe à l'échelle du monde arabe tout entier. « Dans le monde arabe, a-t-il expliqué, la parole demeure toujours enfermée dans toute sorte de carcans, politique, social, etc. » Et de mettre l'accent sur la libération de cette parole en pensant que l'évènement de 2015 constitue le moment propice pour cela. Le TRC, dira son directeur, ne peut accueillir qu'un maximum de 500 places, et il s'est félicité de ce que la préparation de l'évènement de 2015 va permettre à Constantine de se doter de plusieurs centres culturels.