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La dilapidation du
foncier, notamment la mainmise dans des conditions douteuses, d'immenses
superficies de terres agricoles, détournées par la suite de leur vocation
initiale, ainsi que l'accaparation de patrimoines de l'Etat à des fins
commerciales, constituent l'essentiel des scandales à répétition dans la daïra
d'Aïn El-Turck et ce, depuis l'époque de turbulence de la délégation de
l'exécutif communal, DEC. La valse des procès intentés contre les présumés
auteurs de ces malversations n'a pas cessé depuis et ne semble, en toute
vraisemblance, selon le triste constat, pas encore près de cesser. En effet,
aujourd'hui encore, des villas et des extensions ont été construites sans
aucune autorisation délivrée au préalable par l'administration. Ce malheureux
état de fait a été reconnu par le chef de daïra lui-même, qui a tenu à
souligner « nous avons hérité d'une situation catastrophique dans le domaine du
foncier. Le constat sur le terrain est effarant, plus particulièrement dans le
chef-lieu où nous avons relevé un nombre indéterminé de transgressions à la
règlementation en vigueur ». A ce sujet, il importe de signaler, en vrac à
titre d'exemple, une construction érigée sur un bien public, à savoir des
escaliers datant de l'époque coloniale, véritable chef-d'œuvre en pierre
taillée, permettant d'accéder à la plage ou encore un poste de secours de la
protection civile transformé en un établissement commercial ou encore une salle
de sport, bien de la commune, ayant cédé sa place comme par magie à un immeuble
ou encore aussi une terre agricole donnant un vignoble de qualité supérieure et
s'étendant à perte de vue sur une superficie surplombant la mer, qui faisait
jadis pâlir de jalousie les plus grands viticulteurs du vieux continent et, qui
a été subitement envahie par du béton. La liste, qui donne le tournis au plus
imperturbable, est fort malheureusement encore longue et semble avoir tendance
à s'allonger encore.
Ces graves transgressions ont été perpétrées au vu et au su de tout un chacun, à son poste de responsabilité au moment des faits, sans qu'aucun ne crie au scandale et n'intervienne conformément à la loi pour mettre un terme à ce massacre, qui a commencé au milieu des années 90 et continue toujours. Ce triste constat constitue souvent le principal thème des discussions sur la place d'Aïn El-Turck des anciens habitants de cette région côtière, qui faisait leur fierté dans un passé encore vivace. « On pouvait apercevoir la mer à partir de la route nationale et savoir ainsi si elle était calme ou agitée. Mais hélas aujourd'hui avec l'anarchie en thèmes d'architecture, qui défigure le paysage et obstrue la vue, nous ne pouvons voir que le béton, qui s'élève insidieusement au-delà des limites requises conformément aux normes universelles, qui devraient être appliquées à la lettre dans cette ville balnéaire, aspirant à promouvoir le secteur du tourisme », a commenté, avec une pointe sensible de dépit, un architecte à la retraite, originaire du chef-lieu de la daïra d'Aïn El-Turck. Toujours est-il que la loi 8/15, récemment promulguée par le gouvernement, dont le délai a expiré le 15 juillet dernier, semble avoir été une aubaine pour certains de ces contrevenants, qui se sont bousculés aux guichets des services du domaine et du cadastre pour tenter de régulariser leur situation. L'annonce de la promulgation de cette loi, avec un délai d'expiration limité, a fait, en effet, réagir illico presto d'opportunistes transgresseurs du foncier dont les habitations ne sont pas inscrites sur le registre du cadastre et ne disposent automatiquement pas d'acte de propriété. « Il y a urgence dans notre lieu de résidence et cela ne date pas d'aujourd'hui. Un véritable assainissement est devenu primordial, ne serait-ce que pour tenter de sauver le peu de meubles qui restent encore », a ajouté en substance notre même interlocuteur à travers des phrases lourdes de sens, qui se veulent être un SOS en direction des autorités concernées. Des témoignages concordants, encore plus virulents à l'encontre de l'anarchie de l'urbanisme, ont été formulés par d'autres habitants outrés, natifs de cette région côtière. |
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