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Rentrée
scolaire rime désormais, et depuis la gestion benbouzidienne de l'école
algérienne, avec grève cyclique, violence, déperdition scolaire et fausses
promesses. L'Ecole, véritable laboratoire d'essai d'apprentis-sorciers venus de
tous horizons, a fini par enfanter des monstres d'inadaptés sociaux et
fabriquer à la chaîne des êtres lobotomisés, de parfaits analphabètes
trilingues qui ont construit leur carrière dans les maquis résiduels. Rien ne
sert de revenir sur l'arabisation au pas forcé d'une école qui n'a rien
demandé, ni de s'étaler sur le niveau pédagogique d'enseignants par défaut, ni
discourir sur les manuels scolaires inadaptés et les programmes à la hussarde.
Rien n'a été épargné à cette Ecole, ni aux élèves devenus des rats de
laboratoire en prise avec des systèmes importés à prix d'or et incompatibles
avec la réalité algérienne. Ce qui se passe aujourd'hui n'est que la
conséquence des années d'errance, de bricolage et de tests grandeur nature qui
ont conduit à décérébrer toute une génération la poussant droit dans le mur.
Cette Ecole est celle des pauvres, des Algériens ordinaires qui n'ont ni
fortune mal acquise, ni droit d'entrée dans le cercle des corrompus, ni lien
familial avec les pontes du pouvoir central ou local encore moins des affinités
opportunistes. Les autres, ils font leur scolarité ailleurs, dans le pays de la
deuxième nationalité ou sous les cieux d'un Etat à qui on a rendu des services
au détriment de son propre sang. La grève de lundi qui se poursuit toujours est
quelque part anecdotique dans un secteur qui n'a jamais cessé de se mordre la
queue. Le comble a été atteint par cette vague de fraude qui a éclaboussé
l'Ecole avec des diplômes de complaisance vendus à des fils de notables pour
intégrer l'université et exercer aujourd'hui dans différents secteurs
d'activités. L'exemple du bac 2013 est également illustratif d'une dérive des
continents qui ne peut mener cette Ecole que vers le précipice si ce n'est déjà
fait. Les plates-formes revendicatrices se succèdent, les enseignants et tout
le corps pédagogique en général se mobilisant pour des revalorisations
salariales ou des acquis sociaux, le ministère de tutelle lui répond en jouant
tantôt aux pyromanes, tantôt à l'apaisement sans jamais quitter la table où se
joue une partie de poker menteur, l'élève, lui, se perd au milieu du gué, des
fiches de paie, des œuvres sociales et des opportunistes de tous bords. De
mémoire, aucune grève des enseignants n'a jamais concerné expressément le
niveau de cette Ecole-otage, ni pour dénoncer celui de certains enseignants
coupables de voler en rase-motte encore moins pour condamner l'incongruité des
manuels scolaires véhiculant une idéologie digne des années staliniennes. Aucun
syndicat n'a appelé à débrayer pour qu'enfin on ait pitié des dos fragiles de
ces élèves à la peine. Aucun responsable syndical ne s'est élevé pour ces
élèves qui doivent marcher des kilomètres chaque matin pour apprendre dans des
classes à peine chauffées et être maltraités par certains enseignants frustrés.
Que dire de plus d'une Ecole qui ne fait malheureusement que refléter l'image
du pays.