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La Libye a perdu son âme

par Yazid Alilat

L'enlèvement rocambolesque, vendredi près-de son domicile, d'un ancien op-posant au régime d'Al Kadhafi et présumé membre d'Al-Qaïda par un commando militaire américain, a amplifié le désarroi politique du gouvernement de Mohamed Zeidan. Celui-ci est actuellement au cœur d'une vague nationale de réprobation après l'enlèvement d'Abou Anas al-Libi Nazih Abdul Hamed al-Raghie, qui serait selon les Américains responsable des attentats terrorises en 1998 contre les ambassades US en Tanzanie et au Kenya. Traqué, pisté, l'ex-membre d'Al-Qaïda qui ne quittait plus sa maison à Tripoli depuis son retour suite à la chute du régime de Kadhafi a été finalement arrêté, et probablement à l'heure actuelle, quelque part dans une base militaire aux Etats-Unis. Cette opération militaire montre en fait jusqu'où les Etats-Unis, quand il s'agit de traquer les terroristes, sont capables d'aller. Après les attentats de 2001 contre le World Trade Center, c'est une nouvelle conception de la guerre contre le terrorisme qui a été menée et pratiquée par les Etats-Unis.           

Il en est ainsi de la capture et l'assassinat, il faut bien le dire, de Ben Laden. L'opération menée par un commando d'élite pour l'enlèvement d'Abou Anas est une suite logique en fait de cette guerre de l'ombre que mènent les Etats-Unis contre les réseaux terroristes et leurs chefs, même s'il faut empiéter sur la souveraineté des Etats. Ce qui, en l'espèce, est en soi une sorte de terrorisme légalisé par le «fait du Prince» ou la puissance militaire US. Quant au pauvre gouvernement libyen qui est en train de recevoir de pleine volée les effets de cette action terroriste si on la place du côté du droit des Nations à disposer d'elles-mêmes, il ne peut dans ce cas précis que nier être au courant de cette opération. Le contraire l'aurait enfoncé un peu plus à un moment où il rame à contre courant autant pour ramener le calme dans le pays que pour pacifier les poches de résistances qui ont des liens francs avec les groupes armés et Aqmi, qui opère au su et au vu de tout le monde dans une Libye en passe de devenir un pays de non-droit.

Sur les réseaux sociaux, l'enlèvement d'Abou Anas fait le buzz, et l'impuissance du gouvernement libyen tout autant. Selon un internaute libyen, «tous les services de renseignements du monde travaillent en Libye, sauf les renseignements libyens». Sans commentaires?