|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
Des chiffres qui donnent froid au dos sur les cas de maladies
respiratoires causées par la pollution, annoncés lors de la 3e journée de
pneumologie, organisée, hier, à l'EHU. Huit (08) millions d'Algériens sont
touchés chaque année par les affections respiratoires dont 500.000 font des
complications graves. 28 à 30 cas de cancer des poumons dus à la pollution sont
enregistrés par an sans oublier les 3,4% de cas d'asthme et 3,7% de BPCO. Quant
à la tuberculose, nous sommes à 25 cas pour 100.000 habitants. Médecins et
pneumologues tirent la sonnette d'alarme sur ces maladies qui progressent de
façon inquiétante et dont le facteur de risque est la pollution. Des chiffres
communiqués par le chef de service de pneumo-phtisiologie de l'hôpital Mustapha
Bacha, le Pr. Salim Nafti, qui plaide pour des solutions radicales afin de
limiter les dégâts. L'application des lois avec rigueur et la sanction sont les
seuls moyens qui peuvent réduire le taux de ces maladies qui risquent de
progresser rapidement si des mesures ne sont pas prises. Selon le Pr. Nafti,
l'Algérie importe 250.000 véhicules par an d'une valeur de 6 milliards d'euros.
Tous ces véhicules circulent dans la nature au moins dix heures par jour,
dégageant des tonnes et des tonnes de déchets. Dans une ville comme Alger,
c'est l'horreur, dira-t-il. «Dans les 10 à 20 prochaines années, le nombre des
maladies respiratoires à Alger va tripler ou quadrupler si on continue dans la
même lancée. Si on ne fait pas de la prévention et on ne limite pas le
carburant sale qui est le gasoil. Beaucoup de cas de maladies respiratoires
dues à la pollution ont été recensés. La prévalence de l'asthme augmente chez
les jeunes et chez les adultes».
Sur la lutte antitabac, le chef de service de l'hôpital Mustapha Bacha ne va pas avec le dos de la cuillère, estimant que le cancer du poumon dû au tabagisme est en train d'exploser. «Nous avons un échec total dans la lutte contre le tabagisme. C'est le seul produit qui n'a jamais souffert de pénurie. Il est disponible matin et soir. Il y a beaucoup de lois en Algérie qui ne sont pas appliquées. Maintenant, il faut passer à la sanction des gens qui ne respectent pas la loi. Il faut taxer le tabac, doubler et tripler son prix. Des entreprises sans tabac. Créer des espaces fumeurs. Aux Etats-Unis, si vous êtes fumeur et vous êtes le plus grand ingénieur du monde, vous ne serez pas recruté si vous fumez. Si vous trichez, vous serez licencié sur le champ. Il faut aussi arrêter l'importation des véhicules au gasoil. Tripler le prix du gasoil. Réduire le taux d'automobiles en Algérie». Evoquant les cas de tuberculose enregistrés, le même professeur explique qu'«on continuera de parler de tuberculose jusqu'à l'an 3000. Il y a, actuellement, 15 millions de tuberculeux dans le monde. C'est la maladie qui tue, chaque année, entre 8 à 10 millions de personnes. Elle reste une maladie contagieuse, une maladie de la pauvreté, de l'ignorance, des laissés pour compte. C'est un bon indicateur épidémiologique sur l'état socioéconomique d'une population. L'Algérie a été l'un des pays qui a remporté le plus de victoire en matière de lutte contre la tuberculose. Nous étions cités comme exemple dans le tiers monde. En 1962, il y avait 150 cas pour 100.000 habitants, nous ne sommes plus qu'à 25 cas pour 100.000 habitants. Cette réduction considérable de la maladie a été possible grâce au programme national mis en place et aux décisions politiques très courageuses concernant la gratuité du diagnostic, du traitement et de la prévention. La généralisation du traitement et la formation des médecins et pneumologues sur la lutte contre la tuberculose. Mais le réajustement structurel où le dinar a chuté de presque la moitié de sa valeur et le médicament est devenu inaccessible. Il y a eu aussi la décennie noire où beaucoup de structures sanitaires ont été fermées et beaucoup de médecins ont quitté les régions périphériques pour s'installer dans les villes en plus évidemment de l'exode rural». Pour le Pr. Nafti, tous ces facteurs ont fait que la maladie est en stagnation actuellement. Ce n'est pas un échec, mais on aurait aimé que la régression puisse se poursuivre. On a connu aussi plusieurs pénuries de médicaments. Il y a encore la tuberculine qui fait défaut. Tous ces problèmes ont fait que la situation de la tuberculose n'est pas très satisfaisante. Il faut relancer et redynamiser l'opération de lutte contre la tuberculose. Il faut aussi une volonté politique pour poursuivre le travail déjà effectué, en luttant contre la pauvreté et la misère». |
|