« Nous allons nous réunir après l'Aïd El Adha et nous déciderons lors de
ce rendez-vous des voies et moyens qui permettront une valorisation de cet
acquis important que représentent les nouveaux textes de loi régissant
l'exercice de la profession d'avocat », nous dira hier le président de l'Union
nationale des barreaux d'Algérie (UNBA), Mustapha Lenouar, tout en se
félicitant de l'adoption par le Parlement d'une loi organisant la profession
d'avocat. Au lendemain de l'adoption de la loi en question par les sénateurs,
ce dernier a d'ores et déjà lancé un appel au ministre de la Justice -dont les
déclarations faites mercredi dernier à l'issue du vote des sénateurs ont été
jugées à la hauteur de l'évènement- pour maintenir le dialogue et la
concertation entre les robes et la tutelle, plaidant pour une accélération de
la promulgation des textes réglementaires relatifs à la loi régissant la
profession d'avocat, en associant les gens de la corporation à cette démarche.
Maître M. Lenouar souligne dans ce contexte que « le corps des avocats
algériens est prêt à accompagner le ministère de la Justice dans l'élaboration
des textes complémentaires de la loi sur la profession d'avocat notamment,
a-t-il expliqué, pour ce qui est de l'application de l'article 34 qui
subordonne l'accès à la formation à la profession à un concours et pour ce qui
est de la création des écoles régionales d'avocats. » L'implication d'avocats à
l'élaboration de ces textes doit se faire dans le cadre du dialogue instauré
entre les barreaux d'avocats et la tutelle», a-t-il soutenu. D'autant qu'un
problème de taille ayant trait, justement, à la formation des avocats risque de
provoquer des remous par les temps qui courent. Car, les étudiants en
possession d'une licence LMD n'ont pas été admis au stage d'avocat vu l'absence
de matières essentielles au programme de ce diplôme, relève maître M. Lenouar.
« En concertation avec la tutelle, nous avons procédé de la manière adoptée
pour l'accès au concours de magistrat, qui exige le MLD plus deux années,
c'est-à-dire le Master, indique à ce propos, non sans vilipender ce qui se fait
actuellement aux universités où les responsables font à leur tête sans
concertation avec les parties concernées, en l'occurrence les magistrats et les
avocats. Face aux anomalies qui imprègnent la formation dans ce domaine (ndlr,
le CAPA), « le bâtonnat régional, partie prenante dans ce volet, si l'on se fie
au décret ministériel de 1993, s'est totalement retiré de la course, laissant
ou mettant toute la responsabilité entre les mains du recteur de l'université
», souligne à ce propos maître M. Lenouar. En tout état de cause, l'entrée en
vigueur d'un nouveau texte régissant la profession d'avocat devra consacrer un
saut qualitatif dans l'exercice de la profession d'avocat et de la justice en
général, a-t-il encore estimé. Les membres du Conseil de la nation ont adopté
mercredi la loi relative à l'organisation de la profession d'avocat, un texte
de 135 articles répartis sur 9 titres. L'Assemblée populaire nationale (APN) a
examiné, débattu et adopté ledit texte lors de la précédente session de printemps
après y avoir introduit des amendements. Ce projet de loi, dans sa mouture de
2011, avait suscité, après sa présentation à l'examen de l'APN, la colère des
avocats qui ont boycotté les audiences à trois reprises et organisé des sit-in
devant le siège de la Cour d'Alger puis une marche et un rassemblement devant
l'APN en juin 2011. Les avocats estimaient que certains articles de la loi,
avant amendement, limitaient la liberté et droits de défense au préjudice des
intérêts des justiciables. L' assemblée générale de l'UNBA, tenue le 17
novembre 2012, a décidé dans ce sillage un boycott national des audiences du 2
au 6 décembre 2012 annonçant le boycott de l'ouverture officielle de l'année
judiciaire 2012-2013. Mais, grâce au dialogue et à la concertation mutuelle
initiée entre les deux parties antagonistes avant cette échéance, l'ex.
ministre de la Justice avait remis les pendules à l'heure, avouant clairement
après l'adoption du projet de loi en question le 2 juillet dernier par l'APN
qu'il a défendu cette nouvelle mouture de la loi et qu'il a toujours été à
l'écoute des préoccupations des avocats concernant les articles qui ont suscité
des appréhensions ou les autres problèmes soulevés dans l'exercice de leur
travail. La voie est toute tracée à son successeur pour faire durer la lune de
miel.