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Il faut se faire à l'idée que Bouteflika a décidé pour le moins
d'aller au bout de son troisième mandat. Il ne sert à rien pour ceux qui
auraient voulu qu'il en soit autrement, en mettant en avant que son état de
santé l'empêche d'exercer ses fonctions, de s'accrocher à des scénarios dont il
est clairement apparu que ni lui ni les cercles agissants du pouvoir ne veulent
entendre parler. S'il leur restait encore l'illusion que «l'incapacité» du
président allait s'imposer à tous du moment qu'elle l'obligerait à renoncer à
présider un Conseil des ministres sans la convocation duquel l'Algérie serait
véritablement rentrée dans une vacance de pouvoir paralysante, Bouteflika la
leur a enlevée en réunissant l'exécutif gouvernemental.
Que l'opération ait été destinée à préserver les apparences que l'état de santé de Bouteflika n'a pas d'incidence sur le fonctionnement de l'Etat, nul n'en disconvient. Mais au-delà elle a permis de couper court aux allégations et rumeurs ayant voulu accréditer que loin de recouvrer même lentement ses capacités fonctionnelles, le chef de l'Etat aurait vu sa santé se dégrader jusqu'à ne plus être en force d'accomplir quoi que ce soit. L'autre but que Bouteflika a visé à travers elle a été de faire comprendre et à la classe politique et à l'opinion publique que le calendrier des échéances politiques qui attendent le pays d'ici à la fin de son mandat va être respecté en dépit des supputations auxquelles donne lieu son état de santé. C'est ce message qu'il a effectivement passé à tous en instruisant le gouvernement de «l'importance de prendre d'ores et déjà toutes les mesures et dispositions nécessaires afin de permettre au pays d'aborder dans les meilleures conditions ces échéances». Que seront ces échéances? Egal à lui-même dans l'art entretenir le mystère sur ses intentions, Bouteflika s'est abstenu d'en évoquer leur nature. Il n'est pas sans savoir que faute d'avoir pu percer celles-ci, le marigot politico-médiatique a échafaudé des suppositions auxquelles il n'a fait aucun démenti direct car en habile tacticien il veut prolonger l'incertitude dans laquelle il a enferré par son silence les acteurs de ce milieu. Des spéculations sur son état de santé à celles sur ce que vont être les échéances évoquées par Bouteflika devant le Conseil des ministres, la classe politique n'est pas près d'abandonner son attitude consistant à ne pas agir par elle-même pour, le moment venu et quelles que soient les intentions de Bouteflika et du pouvoir, être en situation de faire barrage à celles-ci. Malade, peut-être dans l'incapacité de briguer un quatrième mandat, c'est pourtant dans ce contexte crucial pour lui et pour le pays que Bouteflika administre la preuve qu'il est le président à part entière qu'il a dit vouloir être tout au long de son premier mandat. En persistant à décrypter la réalité au sein du pouvoir avec la grille passablement faussée dont le postulat est que Bouteflika est loin de pouvoir imposer ses intentions, ses détracteurs s'auto-intoxiquent et tirent des plans sur la comète. Le réveil risque d'être douloureusement amer pour eux. Il sera d'autant brutal qu'ayant été naïfs devant les manœuvres du pouvoir, ils se rendront compte que faute d'être allés à l'essentiel, c'est-à-dire constituer des forces politiques susceptibles d'être la source d'alternatives crédibles aux yeux des Algériens, ils auront en fait ouvert un boulevard aux intentions de ce pouvoir. |
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