Au sujet de la
politique du médicament en Algérie, le docteur Hafedh Hamou, directeur général
de la pharmacie et des équipements médicaux au ministère de la Santé, de la
Population et de la Réforme hospitalière, a reconnu hier au micro de la Chaîne
3 que la facture d'importation des produits pharmaceutiques « était
effectivement en hausse cette année, mais elle est également suivie par une
augmentation notable de la production locale ».
La politique de
soutien et de promotion de la production locale est bien mise en route surtout
à travers l'engouement constaté chez les producteurs locaux qui laisse espérer
une inversion de la tendance de l'importation vers la production domestique,
surtout que « la nouvelle feuille de route du nouveau ministre nous balise le
chemin », a-t-il expliqué. Précisant que la facture du médicament a augmenté de
17 % en 2012 par rapport à 2011, l'invité de la radio publique a souligné que
90% de la facture globale de près de 2 milliards d'euros est générée par les
médicaments importés en produits finis et en matière première destinée à la
fabrication in-situ, et 10% seulement de produits pharmaceutiques et autres.
Répondant à une question sur les raisons réelles à l'origine des pénuries de
médicaments sur le marché national, le Dr Hafedh Hamou a expliqué que la «
situation est stable en terme d'approvisionnement avec des commandes qui seront
passées au plus tard le 31 octobre prochain auprès des opérateurs-importateurs
et des fabricants locaux ». Il ajoute que « depuis 2011, 50% de la dotation
budgétaire pour l'achat des médicaments est allouée directement au ministère de
la Santé via la pharmacie centrale des hôpitaux (PCH) avec, pour cette année,
un budget de 35 milliards de dinars déjà consommé ». Au sujet des pénuries
chroniques des médicaments anticancéreux, le responsable du ministère de la
Santé a expliqué que les « autorités sanitaires du pays font tout pour éviter
les souffrances aux malades, en droite ligne des instructions fermes données
par le nouveau ministre Abdelkrim Boudiaf ». Le changement de stratégie de la PCH
consiste à « faire son marché sur trois ans, avec des contrats annuels,
permettant du coup aux opérateurs de faire leurs prévisions en temps opportun
et d'atténuer, ainsi, la pression qui pèse également sur les fournisseurs
étrangers», a-t-il indiqué. Interrogé sur le contenu du rapport de la Cour des
comptes pour la période allant de 2009 à 2012, épinglant le secteur de la Santé
publique en Algérie, surtout en matière de passation de contrats pour
l'importation de médicaments, Hafedh Hamou a reconnu que « certaines
contraintes liées à des situations d'urgence en cas de pénurie de médicaments
vitaux amenaient parfois le ministère de la Santé à contourner la loi, comme,
par exemple l'obligation réglementaire de packager les médicaments importés en
langue arabe et en langue française alors qu'en cas d'urgence, nous sommes
obligés d'importer des médicaments en langue anglaise disponibles à
l'international». Au sujet d'autres anomalies relevées dans le rapport de la
Cour des comptes, l'invité de la radio n'a pas souhaité répondre, estimant que
cela était « du ressort du DG de la PCH ». Répondant à une question sur les
préoccupation du Syndicat national des pharmacies d'officine (SNAPO) sur la
pénurie de plus de 200 médicaments sur le marché national, Hafedh Hamou a
expliqué que le ministère de la Santé a « justement décidé de la mise en place
d'un comité de concertation composé de pharmaciens et de représentants des
distributeurs pour faire dans la prévision, et éviter que ce genre de
dysfonctionnement ne se reproduise à l'avenir ». «Notre objectif est de mettre
fin aux obstacles administratifs et bureaucratiques qui freinent les
initiatives d'investissement et de production de médicaments en Algérie et de
faciliter la tâche aux opérateurs pharmaceutiques pour que l'industrie locale
couvre 70% des besoins locaux», a-t-il indiqué. La mise en place de l'Agence
nationale du médicament qui tarde à voir le jour depuis 2008, la vente
concomitante des médicaments et la rétention de certains autres, le rôle leader
de Saidal avec plus de 25% des médicaments produits localement et l'émergence
prometteuse de fabricants privés, grâce à la très bonne qualité de leurs
managers, la nouvelle liste des 251 médicaments interdits à l'importation, les
nouveaux projets (32 en 2013) d'unités privées de fabrication de médicaments en
Algérie, le plan anti-cancer en cours d'élaboration, le projet «
Algérie-biotechnologie 2020 » en partenariat avec les Américains actuellement à
l'étude au niveau d'un comité interministériel dont celui de l'Enseignement
supérieur et de l'industrie ont été les autres points débattus.