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Les spécialistes
et les praticiens de la santé reviennent à la charge en cette rentrée sociale
pour exiger aujourd'hui du nouveau ministre de la Santé, Boudiaf Abdelkrim, et
le gouvernement de bloquer l'arrêté portant transformation des services de
santé publique en centres hospitalo-universitaires.
Un arrêté qui a été publié au journal officiel, après avoir été signé par le directeur de la santé publique et l'ex-ministre partant Abdelaziz Ziari. Pour le président du Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique, Dr YOUSFI Mohamed, cette signature a été faite «en catimini» au mois d'août dernier, et les correspondances de cette transformation commencent à arriver aux structures sans que certains directeurs d'établissement ne soient au courant. Dr Yousfi affirme que «cette décision est illégale, elle a été prise clandestinement par le ministre Ziari avant son départ, sans passer par la commission consultative de la santé décidée en 2009 et qui jusqu'aujourd'hui n'a pas été installée, conformément à la réglementation». Lors d'une conférence de presse tenue hier, spécialistes, praticiens et psychologues de la santé ont réagi en précisant que la transformation des services de la santé publique (polycliniques, EPH) notamment dans les grandes villes (Alger, Oran et Constantine) en centre hospitalo-universitaires n'est qu'un moyen pour que certaines personnes du corps des hospitalo-universitaires accèdent aux postes de responsabilité. Pour les spécialistes et les praticiens de la santé «il s'agit la d'une mesure sur mesure, on veut par cet arrêté créer des postes de chef de services, certains professeurs n'arrivent toujours pas à accéder aux postes de responsabilité, car nos maîtres dont certains ont 75 et 80 ans veulent s'éterniser dans leur postes, refusant de céder la place aux plus jeunes». Le président du SNPSP, Lyès Merabet, affirme que son syndicat et les autres corporations ne sont pas contre le corps des hospitalo-universitaires mais contre «la destruction continue du système de santé publique». Il argumente : «Je ne comprends pas pourquoi on veut créer de nouveaux centres hospitalo-universitaires alors que ceux qui existent ne répondent même pas aux normes requises mondialement, ils ne font ni dans la recherche, ni dans la médecine de haute qualité et de spécialisation». Il s'est s'interrogé pourquoi une telle transformation puisque les services de santé publique et les centres hospitalo-universitaires ont des missions différentes : les services de santé publique ont pour mission les soins primaires et secondaires, les diagnostics et la recherche de santé appliquée. Les centres hospitalo-universitaires, par contre, ont pour mission les soins hautement spécialisés et la recherche. «Quel sera donc le sort des praticiens et spécialités répartis sur 500 établissements ?» «Est-ce qu'ils feront tous de la recherche et les soins hautement spécialisés ou peut-être, seront-ils poussés à travailler ailleurs dans d'autres pays ?». Les praticiens, les spécialistes et psychologues de la santé disent halte à la mainmise de certaines personnes du corps des hospitalo-universitaires sur les services de la santé publique. Ils crient haut et fort contre la dilapidation du personnel et des ressources du secteur da la santé publique. «La santé publique est devenue une colonisation, une propriété privée aux mains de certains lobbies dont certains sont cloués au département de la santé». Un autre point qui inquiète les syndicats de la santé c'est le refus du gouvernement d'abroger l'activité complémentaire, une proposition faite par les parlementaires en raison des dépassements et de manque de contrôle concernant l'activité complémentaire et lucrative du secteur. Enfin, les conférenciers ont tiré à boulets rouges sur l'ancien ministre Abdelaziz Ziari. Le président du Syndicat national des psychologues, Khaled Keddad, a affirmé que l'ex-ministre n'a rien apporté à la famille de la santé. Il a également, selon eux, provoqué des conflits et de l'instabilité dans le secteur. Et le comble, selon Keddad, est «de favoriser le corps des hospitalo-universitaires au détriment voire en écrasant les acteurs de la santé publique». Notamment avec la décision de transformer les services de la santé publique en CHU. Ce que demandent aujourd'hui, les syndicats de la santé au nouveau ministre est de bloquer l'arrêté de transformation des services de la santé publique en CHU et d'ouvrir des discussions avec l'ensemble des acteurs concernés sur l'intérêt d'une telle mesure. Ils ont également demandé l'ouverture d'un débat sur l'activité complémentaire et lucrative et la révision de la loi sanitaire qui date de 1985. |
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