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Le rouleau compresseur enclenché

par Kharroubi Habib

Depuis sa nomination au poste de Premier ministre, Abdelmalek Sellal sillonne le pays comme aucun de ses prédécesseurs ne l'a fait. Dans un premier temps sa «bougeotte» a été mise au compte de sa préoccupation de «secouer le cocotier» d'une administration qui en ses échelons inférieurs ne parvenait pas à imprimer le «tempo» voulu à la réalisation du programme présidentiel et dont la rupture de contact avec les citoyens dont elle est censée être à l'écoute est cause principale des «pics de tension» qui secouent avec récurrence ici et là les régions du pays.

Très vite néanmoins, le contexte national s'y prêtant, d'aucuns se sont mis à voir en elle la séquence d'une opération de marketing destinée à imposer l'opinion que tout compte fait le Premier ministre peut être un présidentiable apprécié pour son battant, son esprit d'ouverture et d'écoute. S'il y a eu de cela dans le style que Sellal a imprimé à la fonction de Premier ministre, un autre décryptage s'impose depuis son passage à Médéa pour les déplacements qu'il effectue à travers le pays. Celui qu'il a été chargé de mener une campagne électorale avant l'heure. Pas pour son compte mais pour celui de Bouteflika. Avant Médéa, Sellal n'a certes pas été avare en éloges et en glorification de ce que les quatorze années de règne de son mentor et protecteur ont pu apporter de bénéfique au pays et aux citoyens. Mais dans cette ville il n'a pas laissé place au doute et fait comprendre qu'il «roule» pour le maintien de Bouteflika au pouvoir après la fin de son actuel mandat.

La «société civile» de Médéa a eu droit à un discours électoral qui n'autorise aucune autre lecture. C'est d'ailleurs la tonalité commune à toutes les déclarations qui émanent ces derniers jours des milieux pour qui un quatrième mandat serait dans la logique des choses. Ce n'est pas un fait du hasard si les prises de position en faveur d'une telle perspective se sont multipliées depuis le remaniement gouvernemental auquel Bouteflika a procédé. Il ne fait aucun doute que l'unisson qui s'élève pour clamer le «vouloir populaire» d'un quatrième mandat a un chef d'orchestre. Avec celle de Sellal la déclaration tout aussi dithyrambique du secrétaire général de l'UGTA Abdelmadjid Sidi Saïd sont l'indice que les partisans de Bouteflika ne sont plus dans l'expectative sur son intention pour l'élection présidentielle et donnent de la voix pour le faire comprendre.

Il est de tradition dans la vie politique algérienne de scruter de quel côté se range la centrale UGTA à l'occasion de l'échéance de l'élection présidentielle pour en connaître qui en sera le bénéficiaire. Sidi Saïd a engagé sans équivoque l'organisation qu'il dirige derrière le président Bouteflika. Autant dire qu'il a confirmation que les jeux sont faits pour le rendez-vous électoral de 2014 et que comme à son habitude il place celle-ci du bon côté du «manche». Des machines électorales partisanes normalisées, une organisation syndicale prête à mobiliser ses «ouailles» et un Premier ministre déjà en campagne électorale, que faut-il de plus pour comprendre que l'on va vers un «plébiscite» de l'option pour laquelle Bouteflika optera pour 2014. L'on n'enclenche pas un pareil rouleau compresseur si l'objectif n'a pas été arrêté. Ceux qui persistent à divaguer sur la probabilité que l'Algérie échappera à une telle perspective, parce que et parce que? se réveilleront à nouveau «marrons» roulés dans la farine pour avoir eu foi en des sornettes.