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Lavalin met le Canada en tête de la blacklist de la Banque mondiale

par Sana Harb

Sur 250 entreprises blackistées par la Banque mondiale, 117 sont canadiennes. Lavalin ?avec ses filiales?représente 115 de ces entreprises qui mettent le Canada en tête d'une mauvaise liste mondiale. SNC Lavalin Algérie est concerné ainsi que Miyah Tipaza !

La réputation d'une entreprise met des années à être construite et peu de temps pour être détruite. En charge de la «conformité», fonction créée par SNC Lavalin après de retentissants scandales, Andreas Pohlmann, constate qu'il a fallu au géant canadien «plus de 100 ans pour se construire une réputation mais juste quelques années ou quelques mois pour la ruiner». A la lecture de la blacklist publié, il y a quelques jours, par la Banque Mondiale sur les entreprises et individus interdits de contrats, il pourrait ajouter que la mauvaise réputation d'une grande entreprise peut affecter, aussi, l'image des entreprises de tout le pays. Sur les 250 sociétés blacklistées par la Banque mondiale 117 sont canadiennes, propulsant le pays en tête d'un tableau mondial négatif? Par le fait de SNC Lavalin qui, avec ses filiales, représente 115 des 117 entreprises canadiennes concernées. Les Etats-Unis viennent «loin» derrière à la seconde place avec 46 entreprises listées, suivis par l'Indonésie (43 entreprises) et la Grande-Bretagne (40 entreprises).Le français Alstom, très présent en Algérie, a deux filiales «blacklistées» (Alstom Hydro (France) et Alstom Network Schweiz AG) pour une durée de trois ans en raison de «paiement déplacé» dans un marché en Zambie en 2002. Outre la radiation, les deux filiales d'Alstom sont contraintes de restituer un montant de 9,5 millions de dollars.Dans la longue liste de la Banque Mondiale, l'Algérie est citée deux fois. Une fois pour SNC-LAVALIN Algérie et une autre pour Myah Tipaza SPA, joint-venture détenue à 51% par Algerian Water Investment, elle-même constituée en parts égales de SNC-Lavalin et Acciona Agua, et à 49% par Algerian EnergyCompany Spa. «Nous ne sommes pas un gendarme mondial, mais ce que nous pouvons faire est de faciliter le débat mondiale contre la corruption» a déclaré au Financial Times, Stephen Zimmerman, M Stephen Zimmerman, Directeur des opérations, Vice-présidencede l'intégrité, à la Banque mondiale.

Baird à Alger critique Lavalin et rectifie sur twitter!

La mauvaise image que donne cette blacklist aux entreprises canadiennes découle de la sanction prise en avril dernier par la Banque Mondiale de lui interdire de soumissionner aux projets qu'elle finance pour une durée de dix ans. En cause, une affaire de corruption sur un contrat de 3 milliards de dollars pour la construction d'un pont au Bangladesh. Dans un contexte de multiplication des affaires et de soupçons de versement de pot-de-vin, l'Algérie a décidé de suivre la Banque Mondiale. Le Premier Ministre Abdelmalek Sellal (ainsi que nous l'avons révélé dans le supplément économique du 21 mai dernier) a instruit les opérateurs de bannir Lavalin de tous les appels d'offres sur la même période. Les services de sécurité algériens ont fait une perquisition dans les locaux de l'entreprise à Alger en quête d'éléments en rapport avec un contrat de 825 millions remporté par SNC-Lavalin en 2005 pour construire la centrale énergétique de Hadjret Ennous. En outre, le groupe canadien a reconnu avoir eu recours à «l'intermédiaire» Farid Bedjaoui, neveu de l'ancien ministre des affaires, et «acteur» important dans l'affaire dite «Sonatrach 2» qui implique l'ancien ministre de l'énergie, Chakib Khelil. En juin dernier, consciente de «l'impact» Lavalin, Geneviève des Rivières, ambassadrice du Canada en Algérie, a déclaré que les «entreprises canadiennes souhaitent que les mesures actuelles prises par certaines sociétés publiques à l'égard de SNC-Lavalin, n'affectent pas leur propre développement en Algérie». De passage à Alger, le 15 septembre dernier, le ministre canadien des affaires étrangères, John Baird a paru enfoncer Lavalin qui, a-t-il dit, ne «représente pas l'ensemble des sociétés canadiennes, qui accordent une énorme importance à l'éthique. Il est évident qu'elle devra répondre de ses actes devant les tribunaux». Propos atténués sur twitter où John Baird «précise» qu'il avait souligné à Alger que Lavalin avait maintenant «un nouveau leadership et une nouvelle façon de faire des affaires, centrée sur l'éthique

Une réputation se perd plus facilement qu'elle ne se gagne

Un «rectif» intervenu après une réaction vigoureuse de la porte-parole de Lavalin, Leslie Quinton, qui se disait «persuadée que le ministre Baird n'avait pas l'intention de laisser sous-entendre que SNC-Lavalin ne se soucie pas de l'éthique». Leslie Quinton a mis en avant les progrès «incroyables» réalisés par SNC-Lavalin dans le domaine de l'éthique des affaires. «Il n'y a aucune compagnie au Canada qui est plus soucieuse de l'éthique et qui a investi davantage de temps et d'efforts pour développer des programmes de gouvernance qui correspondent aux meilleurs standards professionnels.». Mais il est vrai aussi qu'une réputation d'une entreprise ou d'un pays se perd plus facilement qu'elle ne se gagne. Et dans ce domaine l'Algérie traine aussi la réputation d'être un des pays où les commissions sont un «must» et qu'il y faut toujours des «amis nécessaires». Dans le classement de Transparency International 2012, l'Algérie se trouve à la 105ème place sur un total de 117 pays alors qu'une année plus tôt elle se trouvait à la 112ème place mais sur un total de 183 pays. Dans le baromètre mondial de la corruption de Transparency publié en juillet dernier, l'Algérie est à la 105ème place sur un total de 107 pays.