Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Karim Djoudi rassure sur les comptes de la maison Algérie : Tout va bien ou? presque !

par Salem Ferdi

Les équilibres budgétaires du pays ne sont pas menacés, a in-diqué le ministre des Finances, Karim Djoudi. Après le gouverneur de la Banque d'Algérie, le ministre fait les comptes à son tour. «Si ce n'est pas un ?tout va bien', cela y ressemble», a constaté un économiste.

Pour ceux qui s'alarment un peu «trop», il constate qu'un baril à 71 dollars est suffisant pour assurer l'équilibre du Trésor alors que les prix sont très largement au-dessus, à plus de 111 dollars. En outre, il rappelle que les prévisions budgétaires ne sont pas toujours effectives et qu'en tenant compte de ce qui est réellement dépensé, on se retrouve avec un «prix d'équilibre» à 71 dollars le baril. «Le déficit en prévision de clôture pour 2013 enregistre un repli substantiel (par rapport à 2012), pour s'établir à 1.138 milliards (mds) de DA (quelque 15 mds de dollars) pour un prix d'équilibre situé à 71 dollars le baril». Une politique budgétaire «prudente» est de mise mais les équilibres budgétaires ne sont pas menacés pour autant. La gestion «prudente» a cependant permis de consolider le Fonds de régulation des recettes (FRR), qui est passé de 171,5 mds de DA (4% du PIB) en 2001 à 2.931 mds de DA (34% PIB) en 2006, pour arriver à 5.634 mds de DA (35%) en 2012. Le ratio de la dette publique intérieure par rapport au PIB a été ramené à 8,3% en 2012 tandis que la dette extérieure est pratiquement insignifiante avec 402,5 millions de dollars en 2012, soit 0,2%. La loi de finances de 2013 a prévu 2.544,2 milliards (mds) de DA, soit quelque 33,5 mds de dollars, de dépenses d'équipement. Ces prévisions sont en baisse de près de 10% par rapport aux dépenses prévisionnelles de 2012. Elle prévoit aussi un déficit budgétaire de près de 19% du PIB.

On ne rognera pas sur les dépenses d'équipement

Le ministre a assuré que le souci de préserver les équilibres budgétaires n'allait pas affecter les dépenses d'équipements. Dans un pays où la croissance reste relativement faible, réduire ces dépenses aurait un impact négatif. En l'état «actuel de notre économie, une réduction de nos dépenses d'équipement impacterait immédiatement et de manière négative la croissance, particulièrement dans les secteurs du bâtiment et des travaux publics, détruirait l'emploi et réduirait le pouvoir d'achat des citoyens». La démarche consiste plutôt à contenir «les dépenses de fonctionnement de l'Etat». Mais il a souligné que l'accroissement des dépenses n'est pas seulement le fait des augmentations des salaires de la fonction publique et des transferts sociaux mais aussi des charges «récurrentes générées par la réception des nouveaux équipements publics réalisés dans le cadre des programmes d'investissement engagés depuis 2001». Pour le ministre, la croissance hors hydrocarbures est «entre les mains des banques» qui jouent un «rôle primordial en accompagnant les acteurs véritables de la croissance que sont les entreprises créatrices de richesse et d'emploi». La croissance hors hydrocarbures, dont la moyenne pour la période 2001-2012 a été de 6%/an, mérite d'être «consolidée par une dynamique de croissance endogène».

Un «révisionnisme» au sujet du Credoc

Karim Djoudi a indiqué que des «mesures incitatives» allaient être prises pour soutenir la production nationale et assurer une offre «abondante» pour permettre une substitution à l'importation. Il n'a pas donné d'indications sur la nature de ces mesures «incitatives», pas plus qu'il n'a dévoilé la politique qui sera mise en œuvre par le gouvernement pour brider les importations. Sur le Credoc, le ministre des Finances semble faire dans le «révisionnisme» en affirmant que ce moyen de paiement n'avait pas été institué en 2009 pour réduire les importations. «Les instruments et les techniques usités dans les transactions de commerce international n'ont pas vocation à réguler les quantités importées. Ils n'agissent que dans le sens d'assurer la sécurité des transactions, de permettre leur traçabilité et de garantir une meilleure transparence», a-t-il dit. Le constat est juste mais en 2009, le Credoc a bel et bien été «vendu» comme un outil pour contenir les importations dont l'envol inquiétait. Les autorités ont fini par admettre au fil du temps que la mesure est sans impact sur les importations. Elle a eu pour effet de pousser les banques privées à se spécialiser sur les activités juteuses de commerce extérieur. La Banque d'Algérie vient de serrer la vis en plafonnant ces rémunérations afin d'essayer de recadrer les banques et de réduire l'impact «inflationniste» du Credoc. La maîtrise de l'inflation -près de 9% en 2012 !- est une «préoccupation constante» du ministère des Finances ainsi que de la Banque d'Algérie (BA), a-t-il assuré. Selon lui, le soutien de l'Etat aux produits et services de base a permis de maintenir l'inflation à un «niveau raisonnable». 1.400 milliards de DA (18 milliards de dollars) de transferts sociaux ont été prévus dans la loi de finances 2013. Les subventions aux produits de base ont été de plus de 200 milliards de DA en 2012.