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La cérémonie d'investiture du nouveau pré sident élu malien
Ibra him Boubacar Keita qui s'est déroulée jeudi à Bamako a été rehaussée par
la présence d'une trentaine de chefs d'Etat, tous du continent à l'exception du
président français François Hollande, le seul parmi ses homologues occidentaux
à avoir répondu à l'invitation pour la circonstance des autorités maliennes. Ce
dernier et trois de ses pairs africains, le Tchadien Idriss Déby, l'Ivoirien
Alassane Ouattara et le monarque marocain Mohammed VI, ont fait l'objet d'une
distinction et d'égards protocolaires particuliers car Ibrahim Boubaccar Keita
a tenu qu'ils soient ses invités d'honneur de sa cérémonie d'investiture.
L'on saisit aisément les raisons qu'a eues Ibrahim B.Keita d'honorer les trois premiers cités. C'est en effet aux troupes françaises et tchadiennes en particulier que le Mali doit de ne pas être tombé sous le contrôle des groupes armés islamo-conservateurs affiliés à Aqmi et d'avoir retrouvé la sécurité nécessaire pour organiser l'élection présidentielle dont IBK est sorti vainqueur. Il est était normal donc pour les Maliens d'honorer de façon spécifique les chefs d'Etat de ces militaires qui les ont débarrassés d'une grave menace qui a pesé sur l'intégrité et la souveraineté de leur pays. L'Ivoirien Alassane Ouattara a eu droit au même honneur pour en tant que président d'un pays voisin du Mali et président en exercice de la CEDEAO n'avoir pas ménagé son soutien à l'option d'une intervention militaire étrangère au Mali pour venir en aide aux autorités de ce pays pour mettre fin à l'occupation par les groupes armés de la partie nord du Mali. Ce qui intrigue est que Mohammed VI ait fait partie du quatuor ayant eu droit à la distinction d'invités d'honneur à Bamako. L'explication avancée par un média français qui est que le souverain marocain aurait eu droit à cet accueil eu égard à sa qualité « d'émir des croyants » ne tient pas la route. IBK sait parfaitement que ce titre et ce qu'il est censé avoir de réalité n'a aucune résonance parmi les Maliens et que les religieux de son pays ne reconnaissent aucun magistère ni aucune autorité spirituelle à celui qui est paré de ce titre dans son pays. Il faut peut-être prosaïquement décrypter le geste d'IBK à l'égard du souverain marocain comme destiné à faire comprendre aux Algériens que le nouveau président malien, la classe politique et l'opinion publique de son pays ont du ressentiment pour l'attitude adoptée par l'Algérie dans la crise malienne. En effet, une majorité de Maliens n'a pas compris pourquoi l'Algérie dont la région nord de leur pays est la profondeur stratégique s'en est tenue à sa doctrine de non engagement de son armée en dehors de ses frontières nationales et d'avoir défendu l'option d'une solution politique à la crise malienne alors que les groupes armés islamo-terroristes étaient sur le point de conquérir l'ensemble du Mali et de mettre fin à sa république. Une incompréhension qui s'et muée en hostilité ouverte au sein de l'opinion malienne qui a fini par se persuader que le puissant voisin du Nord nourrit des intentions inamicales à l'égard de leur pays. Mohammed VI et le Makhzen n'ont évidemment pas manqué d'exploiter le ressentiment anti-algérien qui s'est développé au Mali et dont IBK n'a pas fait mystère en tant qu'acteur politique malien pour tenter de supplanter l'influence de l'Algérie au Mali. Ce qu'ils ont opéré en offrant l'assistance du Maroc à la réorganisation de l'armée malienne et d'autres aides qui pour symboliques qu'elles sont ont disposé favorablement les Maliens à l'égard de leur pays. L'Algérie dispose d'atouts pour mettre en échec l'opération de son contournement par le sud auquel le Maroc a procédé. Les Maliens savent que l'Algérie ne peut accepter cette situation. Faut-il encore qu'elle leur donne du répondant pour ce qu'ils attendent d'elle et qu'elle se montre offensive dans le bon sens au Mali et dans la région du Sahel. Ce qui est apparu problématique pour l'Algérie dont la diplomatie et la réactivité ont été sérieusement affectées ces cruciaux derniers mois dans la crise malienne par les secousses internes causées par la maladie de son chef de l'Etat. |
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