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Le marché des fatwas tueuses dans le mon-de arabe est florissant. Al-Qaradhaoui, du haut de sa «chaire» d'Al-Jazira, en a édicté sur la Syrie sur commande du Qatar. En se livrant à un mea-culpa en direction des «oulémas» bornés d'Arabie Saoudite qui auraient été, selon lui, plus perspicaces que lui sur la «menace chiite» et les menées de «diable» d'Hassan Nasrallah. Après le coup d'Etat contre Mohamed Morsi et alors que Qaradhaoui fulminait contre les putschistes, les «oulémas perspicaces» d'Arabie Saoudite et du Golfe, suivant au pas leurs gouvernants, ont émis des fatwas en faveur du général Sissi. Les fatwas sont ainsi faites : directement liées à la promiscuité de ceux qui les émettent à l'égard du pouvoir. De leur vénalité aussi et de leur énorme inculture. Dans un monde arabe en crise, ces émetteurs de fatwas constituent un véritable danger. Non pour les esprits critiques qui peuvent balayer avec mépris ces assertions qui se drapent du sceau de la religion. Mais pour des franges entières de jeunes, perturbés, sans repères et que l'ennui «tue», ces imposteurs peuvent être une «référence». Et ils le sont. On trouve aujourd'hui, en Algérie comme ailleurs, des jeunes Algériens qui n'ont pas fait correctement un cycle primaire et secondaire, qui n'ont même pas l'instrument basique de la maîtrise de la langue, mais qui sont directement branchés sur des «fatwas» sommaires. Et souvent criminelles. Comme si leur vie et leur avenir dépendaient des élucubrations d'obscurs «savants» du Golfe ! Les affreuses fatwas ont des traductions sanglantes dans des pays comme l'Irak où rien ne semble vouloir arrêter la spirale du sang. La religion qu'émettent ces vendeurs de fatwas sert à rabaisser, à humilier et à susciter des réactions animales. Elle ne cherche pas l'élévation. Dans nos pays, le défi majeur pour les prochaines décennies est de diffuser du savoir, d'encourager la science, afin d'essayer d'inverser une tendance entretenue par des pouvoirs en panne de légitimité. Le monde arabe - ou une partie de ce monde - a été à un moment tendu vers un idéal progressiste que l'autoritarisme des régimes a fini par étouffer. Ouvrant la voie à un modèle «saoudien» d'autant plus pernicieux qu'il pouvait compter sur l'argent du pétrole. C'est un modèle régressif en offensive permanente et il est aidé par les régimes autoritaires même quand ils cultivent un vernis de laïcisme. L'étouffement politique, ce n'est pas une découverte, dans un contexte de difficultés sociales, de défaillance générale de l'Etat dans ses missions de services publics - dont celui essentiel de l'éducation - ne sert que les projets frustes, sommaires. L'histoire de la fatwa sur le djihad du sexe, lancée sur les réseaux, en fait partie. Le «religieux» qui l'aurait édictée a démenti, plutôt mollement, mais son effet est réel. Le ministre tunisien de l'Intérieur l'a confirmé devant les députés. Des Tunisiennes ont bien répondu à l'appel du «djihad al-nikah». Combien de jeunes femmes sont dans ces «bordels de campagne» dans une Syrie qui se fait la guerre et subit la guerre des autres ? On ne sait pas. Il y a tout simplement cette confirmation officielle par l'Etat tunisien - la première du genre - qui montre que des jeunes filles servent de bêtes à plaisir pour des guerriers. Manipulées ou consentantes, cela n'est plus la question. Mais qu'une fatwa aussi farfelue et aussi indigne ait reçu un écho montre que la marche vers la régression n'a pas de limites. |
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