Qualifiant la
coopération algéro-malienne de « vitale », le nouveau ministre malien des
Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ould Sidi Mohamed
Zahabi, est revenu sur les dossiers bilatéraux convergents dont la priorité est
donnée au sécuritaire. Dans une déclaration à l'APS, le chef de la diplomatie
malienne a déclaré notamment que « les deux pays ont des problèmes communs »,
faisant référence au terrorisme dans la région du Sahel et aux frontières
terrestres entre le Mali et l'Algérie et de souligner «la volonté de travailler
ensemble pour pouvoir neutraliser les groupes terroristes qui, en réalité, tentent
de déstabiliser les deux pays». Aux lendemains de la cérémonie de prestation de
serment du nouveau président malien, Ibrahim Boubacar Keïta, le porte-parole du
ministère des Affaires étrangères, Amar Belani, avait réaffirmé l'attachement
de l'Algérie à une relation « fraternelle » et « forte » avec le Mali tout en
réitérant le soutien d'Alger «aux efforts qui seront entrepris pour relever les
défis et consacrer le redressement de ce pays frère à travers la réconciliation
nationale et l'édification d'un état démocratique et prospère». Une position
rappelée, ce mercredi, par M. Zahabi, qui affirme que l'Algérie a « toujours
soutenu» son pays dans les moments difficiles, particulièrement avec les
événements qu'a connu le nord du Mali en jouant «un grand rôle dans la
médiation » entre les différentes parties alors en conflit. Mais au-delà de
l'aspect sécuritaire prioritaire entre les deux pays, et outre les dossiers
économiques et de coopération à l'image de projets structurants comme celui de
la transsaharienne, qui relie Bordj Badji Mokhtar à Gao, le problème de la
contrebande aux frontières a pris des proportions alarmantes. En effet, il ne
se passe pas un jour sans que les forces combinées de l'armée, des douanes et
des gardes-frontières n'interceptent un convoi en direction des terres
maliennes. Au début de ce mois, les éléments des forces combinées ont saisi
7500 kg de denrées alimentaires à Timiaouine (Adrar) en interceptant un camion
qui se dirigeaient vers la frontière algéro-malienne, contenant 150 sacs de
farine de 50 kg. Cette affaire vient juste après la dernière saisie de 300
quintaux de denrées alimentaires par les mêmes services dans cette région de
l'extrême sud du pays. En mars dernier, ce sont 60 tonnes de denrées
alimentaires qui ont été interceptés par les services de sécurité. Quatre
camions chargés de sacs de farine et de semoule en route vers le Mali, destinés
probablement aux groupes terroristes éparpillés dans le nord du Mali, ont été
arrêtés par les gendarmes en patrouille sur l'axe Bordj Badji Mokhtar et
Timiaouine. Et depuis l'intervention française dans la région, l'activité des
contrebandiers a connu une hausse importante. A Bordj Badji Mokhtar la
contrebande a pris de l'ampleur. Certains avaient même imputé les derniers
événements sanglants qui y ont lieu en août dernier au contrôle de la
contrebande aux frontières. Des combats avaient éclaté entre Idnans, Touareg,
et Barabiches, Arabes, après qu'un jeune touareg a été battu à mort par des
Barabiches pour des raisons obscures. L'inquiétude d'Alger réside dans cette
proportion prise par le phénomène de la contrebande où denrées alimentaires,
carburant, appareils électroménagers, couvertures et médicaments prennent le
chemin du Mali.
Une inquiétude
renforcée par la classique interconnexion entre les réseaux terroristes et les
contrebandiers qui leur servent de relais, d'observateurs, de guide et qui les
alimentent en produits de première nécessité et en armes en contrepartie de
l'argent des rançons. Rappelons enfin qu'au moins quatre Algériens sont
toujours aux mains des groupes terroristes activant sur le territoire malien.