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On croyait
l'affaire réglée ou, du moins, bien engagée, mais il n'en est rien. En effet,
la cession des 53% de Maroc Telecom détenus par Vivendi à l'opérateur des
Emirats arabes unis (EAU) Etisalat n'est toujours pas bouclée et cela
contrairement à ce qui avait été plus ou moins annoncé au début de l'été.
En en juin dernier, les représentants de Vivendi avaient confirmé que leur groupe était entré en «négociations exclusives» avec Etisalat, confirmant au passage que les discussions avec l'opérateur qatari Oreedoo (ex-Qatar Telecom) étaient abandonnées. On pensait donc à l'époque que cette vente allait être l'affaire de quelques jours. Mais la donne semble avoir changé. «La cession des parts de Vivendi dans Maroc Telecom interviendra d'ici la fin de l'année» vient ainsi de déclarer à ce sujet le ministre marocain des Affaires étrangères Saad Eddine El Othmani à l'issue d'un déplacement à Dubaï. Pour autant, et c'est ce qui importe le plus pour les observateurs, le ministre marocain a pris soin de ne pas confirmer ou préciser que la vente se ferait au profit d'Etisalat. Vodafone change la donne Il faut dire que deux éléments d'importance modifient la situation. Le premier, qui reste toutefois à confirmer, concerne l'entrée en scène d'un autre opérateur en l'occurrence le britannique Vodafone. En effet, selon la presse anglaise dont le Daily mail, Vodafone aurait fait une offre de 7,1 milliards d'euros pour l'acquisition des 53% du capital d'Itissalat Al Maghrib (nom officiel de Maroc Telecom). Pour mémoire, l'offre d'Etisalat est de loin inférieure puisqu'évaluée à 4,2 milliards d'euros. Si l'offre britannique est confirmée, on voit mal le conseil d'administration de Vivendi maintenir sa préférence pour Etisalat. Cela d'autant plus que, et c'est là le second élément, que la configuration du pouvoir a changé au sein du management de Vivendi. Après une bataille d'usure comme en connaît parfois la place financière parisienne, l'homme d'affaires Vincent Bolloré, détenteur de 5% du capital de Vivendi, vient de faire son entrée dans la direction du groupe en étant nommé à sa vice-présidence. De son côté, Jean-René Fourtou, cible des critiques de Vincent Bolloré, conserve la présidence de Vivendi mais il ne fait nul doute que sa marge de manœuvre est désormais limitée. Comme l'explique un analyste parisien, «Vincent Bolloré est un homme d'affaires qui ne lâche rien et qui n'acceptera jamais que les 53% du capital de Maroc Telecom soient cédés à moindre prix. Même si Vodafone ne fait pas d'offre, il est possible qu'il exige qu'Etisalat révise la sienne à la hausse». Et ce n'est pas le marché qui regrettera une telle mise en demeure de la part de Bolloré puisque le cours boursier de Maroc Telecom a dévissé à plusieurs reprises atteignant au cours des dernières semaines son plus bas niveau depuis 2008. «Le marché estime que l'offre d'Etisalat ne valorise pas suffisamment l'action Maroc Telecom. D'ailleurs, le cours est remonté à la hausse depuis que l'on voit se profiler l'offre de Vodafone», relève un opérateur de la Bourse de Casablanca. Le marché subsaharien comme cible Il reste donc à savoir si Vodafone est vraiment intéressé par l'acquisition d'une partie du capital de l'opérateur marocain. A ce jour, l'entreprise britannique est officiellement concernée par la prochaine restructuration de Vivendi en deux pôles. Le premier englobera l'activité médias (Universal music, Canalplus, ?) et le second, la partie télécommunications (SFR,?). Selon plusieurs sources, Vodafone serait candidat pour acquérir SFR ce qui lui permettrait de prendre pied sur le marché français de la téléphonie et de l'internet mobiles. Dans la foulée, l'entrée majoritaire dans le capital de Maroc Telecom servirait donc à renforcer son réseau en Afrique. «Pour Vodafone, comme pour Etisalat, la motivation d'une telle acquisition n'est pas liée au marché marocain qui a tendance à saturer mais aux perspectives ouvertes par le marché subsaharien», poursuit l'analyste parisien. Certes, Maroc Telecom demeure à la première place en termes de parts de marchés (45,13% pour le mobile et 52,3% pour l'internet) mais cette position subit une érosion continue depuis plusieurs années. A ce jour, Vodafone est présent au Kenya (via sa filiale Safaricom) mais aussi dans toute l'Afrique australe notamment en Afrique du sud, en Tanzanie, en République démocratique du Congo (RDC), au Lesotho et au Mozambique. En prenant le contrôle de Maroc Telecom, Vodafone se verra ouvrir la porte des pays d'Afrique de l'Ouest dont le Burkina Faso, le Gabon, le Mali et la Mauritanie. Autrement dit des marchés en pleine expansion y compris sur le plan de l'internet mobile et du paiement par mobile. De quoi justifier un effort financier supplémentaire à celui qu'Etisalat est prêt à consentir. |
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