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Foisonnement
d'organisations patronales en Algérie. Mais malgré les nombre et les divisions,
le lobbying des organisations patronales reste efficace. Retour sur le paysage
patronal à l'approche de la tripartite.
Aussi éparpillé que les partis et les associations, le patronat algérien reste cependant très efficace pour défendre ses intérêts. Grâce à un lobbying permanent, il obtient du gouvernement tout ce qu'il souhaite, même si ces décisions se limitent souvent à un effet d'annonce, la bureaucratie se chargeant traditionnellement de freiner les velléités du gouvernement d'encourager l'investissement. Les organisations patronales travaillent d'ailleurs plus comme des lobbies que comme des syndicats d'entreprises. Il en nait régulièrement de nouvelles. Chaque lobby qui s'estime insuffisamment servi lance sa propre organisation. Il suffit pour cela de réunir quelques entrepreneurs et d'organiser une conférence de presse, avec l'appui d'un conseiller en communication, pour lancer son organisation. Les relations avec le gouvernement et les syndicats des travailleurs ont toutefois imposé une certaine hiérarchie, pour consacrer le Forum des Chefs d'entreprises comme la première organisation patronale. Participant depuis le début aux traditionnelles réunions tripartites regroupant le gouvernement, le patronat public et privé et le syndicat des travailleurs, le FCE est dirigé par M. RédhaHamiani (textiles, transformation), un industriel qui a été ministre dans le gouvernement de M. BelaïdAbdelessalam. Le FCE est bien structuré. Il est présent dans la plupart des secteurs. Il dispose de conseillers renommés, dispose d'un site internet, et tente de nouer des relations à l'international. Il a aussi pour président d'honneur M. Omar Ramdane (matériaux de construction).Issad Rebrab (agroalimentaire, grandes surfaces, importateur dans l'automobile et l'électroménager), considéré comme la première fortune du pays, y a un moment, siégé avant de prendre ses distances. Foisonnement M. Habib Yousfi (bâtiment), patron de la confédération des opérateurs économiques algériens (CGEOA), est le principal animateur de l'organisation qu'il dirige. Plus connu pour ses coups de gueule que pour ses talents d'organisateur, M. Yousfi a toutefois donné une certaine visibilité à son organisation, invitée plusieurs fois aux réunions tripartites, qui constituent une sorte de consécration pour les organisations patronales. Boualem Merakchi dirige de son côté la Confédération patronale algérienne (CAP). Son organisation n'a pas l'envergure du FCE, mais elle est de tous les grands rendez-vous. Derrière ces organisations, les plus médiatisées, pointent d'autres, de formation plus récente, comme la CIPA (Confédération des industriels et producteurs algériens) ou l'Union des Investisseurs algériens (UIA) dirigée par Abdelouahab Rahim. Selon M. Abdelouahab Ziani, vice-président de la CIPA, une dizaine d'organisations ont formulé des propositions pour la réunion tripartite qui doit se tenir à la fin du mois. Arrivent-elles à travailler ensemble pour coordonner leur action à la veille de rencontres avec le gouvernement? Oui, répondent poliment tous les dirigeants contactés. Mais les préoccupations sont visiblement différentes. Issaad Rebrab souhaite des facilités à l'international, ainsi que le déblocage de dossiers de grande envergure. Les patrons de PME sont plutôt intéressés par l'accès au crédit bancaire, et l'application des décisions des anciennes tripartites. D'autres souhaitent acquérir les biens d'entreprises publiques. A ces divergences dans les préoccupations de chaque organisation, cela, s'ajoutent des revendications sectorielles. Faible poids économique Ce foisonnement d'organisations, toutes concentrées dans l'industrie, tranche avec le poids réel de ces entreprises dans l'économie algérienne. Toute l'industrie représenté moins de 5% du PIB du pays, dont 45% reste assurée par le secteur public. Mais la faible envergure des entreprises privées n'empêche pas les organisations patronales de faire preuve d'une redoutable efficacité. Avec une presse acquise, un premier ministre à l'écoute, les patrons obtiennent tout ce qu'ils demandent. Des facilités fiscales et financières aux rééchelonnements des dettes, le gouvernement, soucieux d'assurer une relance de la production, ne refuse jamais leurs doléances. Du moins sur le papier. Car quand il s'agit d'application, la bureaucratie prend le relais pour réduire la volonté du gouvernement à néant. Sur 200 mesures décidées durant les différentes triparties, seules une trentaine ont été appliquées, soit 15%, a indiqué M. Ziani. Ce qui n'empêche pas les organisations patronales de voter pour le candidat du pouvoir lors de chaque élection présidentielle, tout comme elles évitent soigneusement d'aller à la confrontation avec le gouvernement, quelles que soient les divergences. |
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