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A vendre la peau de l'ours?

par Kharroubi Habib

Intoxiqués par les rumeurs alarmistes sur l'état de santé du chef de l'Etat qui leur ont été distillées par des sources censées de par leurs origines tout savoir des secrets de la République, les anti-Bouteflika primaires ont depuis le début de sa maladie lâché la bride à leurs fantasmes et donné libre cours à leur imagination dans la fabrication de scénarios de ce qu'allait être l'après-Bouteflika qui pour eux avait commencé au moment même de son hospitalisation. C'est peu dire que mercredi en apprenant ce que celui qu'ils ont trop vite « enterré » a rendu public, le ciel est tombé sur la tête de ces milieux qui en étaient encore à soutenir avec la plus fougueuse conviction que l'amélioration de sa santé n'enlevait rien à la réalité pour eux que le pouvoir réel qui pèsera de façon décisive sur le processus de succession n'est plus entre ses mains.

Boufeflika a fait voler en éclats leur illusion qu'ils entretenaient avec l'aveuglement dont ils ont été victimes en se fiant à un logiciel de décryptage des rapports de forces entre Bouteflika, son clan et celui piloté par le tout-puissant chef du DRS à qui ils ont prêté le dessein d'évincer les premiers du processus de succession. Il l'a fait d'une façon tellement démonstrative de la prééminence de son pouvoir présidentiel sur celui dont sont crédités n'importe lesquels des autres détenteurs de responsabilités institutionnelles en qui il a été vu par ses adversaires des contre-pouvoirs susceptibles de l'empêcher de la manifester, que ces derniers n'en reviennent pas et ne se posent plus que la question de savoir si Bouteflika va « rempiler » ou adouber quelqu'un parmi ses fidèles pour lui succéder. Ils ont désormais la certitude que rien ni personne de l'intérieur du pouvoir n'est en mesure de contrer l'une ou l'autre solution pour laquelle il se décidera.

Le remaniement gouvernemental auquel le chef de l'Etat a procédé mercredi dernier et plus encore l'effeuillage qu'il a fait subir au champ des prérogatives du DRS et de son chef, les ont brutalement ramenés à la réalité et contraints à admettre qu'ils on tiré des plans sur la comète basés sur des a priori qu'ils ont estimés fondés parce que « certifiés » par des sources et des analystes dont les décodages de ce qui se passait au sommet de l'Etat ne pouvaient être que parole d'évangile du moment qu'ils concordaient avec leur fantasme anti-Bouteflika. Il en est qui certes s'accrochent encore à l'espoir que le verrouillage en sa faveur que Bouteflika vient d'opérer n'a pas totalement annihilé la puissance de riposte de ceux dont le pouvoir de « faiseurs de roi » s'en est trouvé singulièrement neutralisé.

Il ne faudra pas s'étonner, sachant cela, que vont fleurir rumeurs et spéculations autour de prétendues oppositions que le « coup de force » de Bouteflika (car c'est ainsi que ses décisions sont qualifiées par ses détracteurs) serait appelé à susciter inévitablement. En tout cas, l'ordre de mise en bataille que vient d'exécuter Bouteflika va décourager les potentiels candidats à sa succession qui ont misé sur l'onction du pouvoir, celui ayant entre-temps levé pour eux l'hypothèque Bouteflika.