73 mineurs, dont
59 filles ont été victimes d'affaires de délinquance liées aux technologies de
l'information et de la communication (TIC), traitées cette année par les
services de lutte contre la cybercriminalité de la Sûreté nationale, selon son
communiqué rendu public hier. En tout, ce sont 64 affaires d'attentat à la
pudeur, incitation de mineurs à la débauche, détournement de mineurs et
atteintes à l'intimité de la vie privée qui se sont retrouvés sur le bureau des
brigades spécialisées de la protection de l'enfance relevant des services
de police judiciaire, avec l'assistance
des sections de lutte contre la cybercriminalité et l'appui des départements de
preuves numériques relevant des laboratoires
de police scientifique et technique, toujours selon la même source. La
presse n'arrête pas de se faire l'écho de telles affaires liées à la Toile où
les mineurs, généralement des adolescentes, se font piéger via les réseaux
sociaux. Des affaires de chantage, d'extorsion de fonds, d'incitation à la
débauche reviennent souvent dans les annales judiciaires nationales. «Ces
services ont exécuté pour les seules années 2012 et 2013, 18 expertises criminalistiques, portant sur l'analyse de
deux ordinateurs, sept PC portables, dix téléphones portables, neuf cartes
mémoires et divers autres supports numériques», précisera encore la DGSN.
Depuis quelques années, la
cybercriminalité est devenue de plus en plus présente dans le paysage
criminel du pays et les services de la police judiciaire relevant de la DGSN
ont traité durant 2011 trois affaires relatives à des vidéos de pornographie
infantile diffusées sur Internet et à des incitations à la débauche. Les mêmes
services ont traité 8 affaires en 2008,
26 en 2009 et 3 en 2011, relatives à des vidéos de pornographie infantile à
travers des portables et leur diffusion sur Internet. Les mineurs sont de plus
en plus exposés à ce genre de criminalité puisque 77% des enfants algériens, à
en croire les chiffres de la Fondation nationale pour la promotion de la santé
et le développement de la recherche (Forem), passent leur temps devant un
micro. Selon le professeur Khiati, président de la Forem, les agressions
peuvent être d'ordre moral, pouvant dépasser le cadre virtuel et se concrétiser
dans la réalité, comme les atteintes sexuelles. Selon les chiffres de la Forem,
«80 personnes ont été poursuivies en 2010 pour pédophilie en Algérie», soit 3%
des infractions commises par les internautes. Le président de la Forem a
également demandé l'institutionnalisation du filtrage automatique des sites
Internet jugés «dangereux pour les enfants». «Les parents sont trop souvent
passifs face aux dangers d'Internet. Ils ignorent trop fréquemment l'existence
de programmes permettant de filtrer les pages qui pourraient nuire à
l'épanouissement de leurs enfants», est-il souligné.
De son côté, la
Gendarmerie nationale s'est engagée ces dernières années dans la lutte contre
les nouvelles formes de criminalité, en rapport notamment avec l'utilisation de
l'Internet nécessitant la formation à l'étranger des spécialistes qui
s'occuperont de la mission de «détection» des délits liés aux nouvelles
technologies. En effet, la Gendarmerie nationale a commencé à appliquer son
programme à partir de 2004, date de la promulgation de la loi sur cette
nouvelle forme de criminalité. Date à partir de laquelle ont été lancés les
cycles massifs de formation et de perfectionnement des «agents».