|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
Ils étaient cités en exemple pour leur dynamisme, les voici accusés de menacer la reprise de l’économie mondiale. Et pourtant, ce n’est pas entièrement leur faute… De fait, depuis plusieurs semaines, les alertes se multiplient quant à la baisse des performances des principaux pays émergents, cela alors même que les Etats-Unis mais aussi la zone euro s’éloignent de la zone dangereuse de la récession. Or, si le ralentissement est bien tangible chez les fameux BRIICS (Brésil, Russie, Inde, Indonésie, Chine et Afrique du Sud), ses raisons sont, en grande partie, à rechercher du côté des pays développés. LA FED A ALLUME L’INCENDIE En annonçant, le 22 mai dernier, qu’elle envisageait de cesser ses injections massives de liquidités dans l’économie (85 milliards de dollars par mois), la Réserve fédérale américaine (Fed) a enclenché un mouvement d’ajustement des flux de capitaux qui dessert les pays émergents. En effet, la perspective de la fin de ce programme d’«assouplissement quantitatif» a provoqué une hausse des taux d’intérêt aux Etats-Unis. Du coup, nombre d’investisseurs rapatrient en masse leurs capitaux placés dans les pays émergents car cette hausse des taux longs américains leur garantit de meilleures rentabilité et liquidité. En moins de trois mois, les fonds placés dans les pays émergents ont perdu près de 60 milliards de dollars et ont été rapatriés vers les Etats-Unis et la zone euro. Un reflux plus important encore que lors de la crise financière de 2008. Pays soumis à des déficits de paiements structurels, l’Inde et le Brésil sont les plus affectés par ce réajustement et leurs monnaies ont perdu près de 20% de leur valeur par rapport au billet vert depuis mai dernier. Du jamais vu depuis 1995, ce repli faisant écho aux grandes crises monétaires ayant ébranlé les pays émergents durant les années 1980 et 1990. Cette fuite des capitaux jusque-là placés dans les pays émergents vers les Etats-Unis et l’Europe a plusieurs conséquences négatives. En provoquant la dépréciation des devises comme la roupie ou le real, elle engendre des tensions inflationnistes lesquels dissuadent les ménages d’épargner, ce qui aggrave la dégradation des comptes externes des pays concernés. Pour autant, les risques d’une grande crise financière des pays émergents doivent être relativisés car la majorité des pays émergents disposent de confortables réserves de change, ce qui leur évitera, du moins dans un premier temps, de faire appel au Fonds monétaire international (FMI) pour équilibrer leurs comptes. Dans le même temps, l’Inde et le Brésil envisagent de créer un fonds commun d’intervention sur le marché des monnaies. Une intervention qui passera par l’achat de dollars afin de provoquer l’appréciation du billet vert et, inversement, de freiner la glissade de leurs monnaies. UN G20 TOUJOURS VAIN Comme l’avaient prédit de nombreux observateurs, la tenue du G20 au cours du week-end dernier n’a débouché sur aucun accord concret pour trouver une solution aux déboires monétaires des pays émergents. Certes, les gouverneurs des banques centrales du G20 se sont engagés «sur le fait que les changements futurs de politiques monétaires continueront d’être calibrés avec précaution» mais cela ne signifie pas que la Fed renoncera à sa décision de ne plus injecter des fonds dans l’économie américaine. En clair, l’hémorragie de capitaux dans les places émergentes risque de se poursuivre. C’est là une nouvelle preuve du caractère hautement volatil des investissements financiers étrangers et cela devrait inciter les pays pénalisés à développer leurs marchés intérieurs et à encourager l’épargne des ménages. |
|