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MEDEA: L'agriculture et ses carences

par Rabah Benaouda

Malgré tous les aléas climatiques (sécheresse et grêle, sans oublier les feux de récoltes) dont ont souffert plusieurs régions de la wilaya de Médéa, la production céréalière récoltée, toutes espèces confondues, à l'issue de la campagne moissons-battages, de cette année, n'aura pas été loin de celle obtenue en 2012.

Une bonne récolte qui fait, malheureusement, faces aux? contraintes liées à la collecte.«Cela fait, maintenant, plus de trois années que le seuil des 2 millions de quintaux, toutes espèces confondues, de céréales récoltés, est dépassé. Ce qui constitue l'objectif tracé en 2008 avec l'avènement du programme pour le renouveau agricole qui a été mis en place par l'Etat». Nous dira d'emblée M. Mustapha Bennaoui, directeur des Services agricoles (DSA) de la wilaya de Médéa, qui était entouré de ses proches collaborateurs, lors de l'entretien qui nous a été accordé, en milieu de journée, de jeudi dernier : «un seuil que nous devons, désormais, maintenir, consolider, voire l'élever, tout en prenant en considération les aléas climatiques qui caractérisent la wilaya de Médéa». insistera ce responsable.

Une satisfaction atténuée, toutefois, par ce «gros problème» qu'a toujours constitué l'opération de collecte. Ce dont nous dira notre interlocuteur : «il n'est pas réconfortant, et vous en conviendrez, de savoir qu'au 31 août 2013, sur un total de 2.111.237 quintaux de céréales, toutes espèces confondues, récoltés, seuls 473.686 quintaux ont été collectés dans les 20 points de collecte, retenus à travers la wilaya de Médéa, dont la coopérative des céréales et légumes secs (CCLS) de Berrouaghia. Des contraintes qui s'expliquent, notamment, par l'existence de pas moins de 87 moulins a grains ?(minoteries traditionnelles et modernes) vers lesquels va une bonne partie de la production récoltée, les prévisions personnelles de semences stockées chez eux par un grand nombre de céréaliculteurs, l'autoconsommation, les difficultés et toutes sortes de tracasseries qu'un grand nombre de producteurs céréaliers rencontrent pour remettre leurs récoltes aux points de collecte officiels dont surtout la CCLS de Berrouaghia, dont les capacités de stockage demeurent insuffisantes, pour recevoir la production nationale, pour la simple raison qu'elle doit également faire face au stockage du produit d'importation».

En effet, de la lecture détaillée du «bilan chiffré de la campagne moissons-battages 2013», il ressort que sur un total prévisionnel de 2.318.665 quintaux, toutes céréales confondues, il en a été récolté 2.116.237 quintaux. Soit une diminution de seulement 293.763 quintaux, comparativement à la campagne de l'année 2012, à l'issue de laquelle, il avait été récolté un total de 2,41 millions de quintaux.

Une production céréalière pour cette année 2013 qui se répartit comme suit : 1.335.458 q de blé dur, 192.708 de blé tendre, 537.102 d'orge et 50.969 q d'avoine sur une superficie récoltée de 110.198 ha, sur un total de 110.311 ha à récolter, alors que pas moins de 16.184 ha emblavés et labourés ont été déclarés sinistrés (sécheresse et grêle auxquelles se sont ajoutés des feux de récoltes).

 Pour en revenir aux difficultés rencontrées par un grand nombre de céréaliculteurs de la wilaya de Médéa, et ce depuis de nombreuses années, nous ne citerons qu'un exemple, assez édifiant sur cette malheureuse situation : celui d'un céréaliculteur de la daïra de Aïn Boucif, 76 km au sud-est de Médéa, dont la production de 600 q de blé dur, récoltée durant l'été 2011, n'avait été acceptée par la CCLS de Berrouaghia, que bien après le mois d'octobre de la même année ! Et ce, sur une instruction expresse des responsables du ministère de tutelle, à travers la direction générale de l'OAIC et dont nous détenons les copies des documents en question. Une situation qui a amené des associations locales de céréaliculteurs, à l'image de celle de la commune de Chellalet El Adhaoura, 102 km au sud-est de Médéa, à introduire des demandes de réalisation d'infrastructures de stockage qui peuvent dépasser les 60.000 q chacune.

Ces difficultés ont «poussé», par conséquent, un grand nombre de producteurs céréaliers a vendre leurs produits sur les marchés publics et auprès des minoteries privées quitte à «perdre» entre 200 et 300 dinars par quintal, comparativement au prix d'achat pratiqué dans le circuit étatique.