Moins d'impôts
pour les agences de voyages. Le ministère du Tourisme et de l'Artisanat a,
enfin, décidé de satisfaire une vieille revendication des voyagistes en
«réduisant l'impôt sur le bénéfice au profit des agences de voyages à hauteur
d'un taux allant de 19 à 25%, à partir de l'année prochaine (2014)», a annoncé,
hier, M. Kechroud, directeur général du tourisme et de l'artisanat au ministère
de tutelle, cité par l'Aps. Celui-ci indiquera à ce propos que le gouvernement
a «approuvé dernièrement ce projet en vue de son inscription dans la loi de
finances 2014 et adopté le projet incluant l'article portant réduction de
l'impôt avant de le soumettre aux deux chambres du Parlement pour examen et
adoption». Ce sont pratiquement les 800 agences de voyages agréées au niveau
national qui devraient «bénéficier prochainement d'une réduction d'impôts sur
leur bénéfice, mais le nouveau projet concerne surtout les agences de tourisme
et de voyages qui «prennent en charge les touristes étrangers et font la
promotion du tourisme local», a précisé M. Kechroud. Une nuance qui devrait
exclure de cet avantage les agences qui ne s'investiraient pas dans la
promotion de la destination «Algérie» ? Probable, car selon les précisions du
directeur général du tourisme et de l'artisanat, «cette mesure a pour objectif
d'inciter les agences à réduire les tarifs de leur produit touristique, à
diversifier l'offre et encourager le tourisme d'accueil qui peine à se développer,
faute d'infrastructures d'hébergement suffisantes et de services répondant aux
exigences des touristes». Compte tenu de la diversité touristique en Algérie,
les agences de voyages sont tenues de «diversifier et améliorer leur produit
touristique afin d'attirer un maximum de touristes et faire du tourisme une
activité génératrice de richesse et revenus en devises», a-t-il encore insisté
dans ce sens. Cette mesure avait figuré dans la loi de finances 2000, mais elle
s'est limitée à réduire l'IBS (impôt sur le bénéfice des sociétés) au profit
des établissements hôteliers seulement», et son élargissement lors de la
prochaine loi de finances (2014) à toutes les agences de voyages n'a pas manqué
de susciter beaucoup d'espoirs. La réduction de l'impôt sur le bénéfice a été
accueillie avec satisfaction par les gens du métier, «malgré le fait que la
disposition en question, à elle seule, reste très en deçà des espoirs», comme
le relèvent les voyagistes. Ces derniers, dont l'activité est exclusivement
concentrée pour la plupart d'entre eux dans le créneau saisonnier de la omra,
«faute de moyens», précisent-ils, souhaitent une plus grande attention des
pouvoirs publics afin de mener à bien leur mission. Les agences de voyages
devront «s'adapter à cette nouvelle mesure pour asseoir une véritable industrie
touristique et faire en sorte d'attirer un maximum de touristes», selon les
experts. Le gérant de l'agence de voyages «Lamis» aux Sources (Alger), à
l'instar d'autres voyagistes, s'est dit, dans une déclaration rapportée par
l'Aps, satisfait de cette mesure qui, selon lui, «amènera forcément les agences
à redoubler d'efforts en matière de tourisme d'accueil». Il n'a pas manqué
toutefois de relever les «lacunes» enregistrées dans le secteur, notamment le
manque d'infrastructures et la qualité des prestations qui sont loin de
satisfaire les clients. La destination Algérie «demeure jusqu'ici inconnue pour
beaucoup de touristes étrangers, d'où la nécessité de consentir davantage
d'efforts pour la promouvoir», a-t-il indiqué, préconisant la mise en place de
programmes ambitieux et l'offre d'un produit touristique de qualité,
diversifié, à même d'attirer les touristes. Pour sa part, le président du
syndicat des agences de voyage de l'Est (SNAV ? EST), M. Farid Larbaoui, estime
que la réduction de l'impôt sur le bénéfice est «une mesure qui arrive à point,
surtout après les déboires de la dernière saison omra, mais la corporation des
voyagistes a besoin d'encouragements plus conséquents pour améliorer les
services et les prestations proposés actuellement sur le marché algérien du
tourisme». Dans ce contexte, il évoquera le cas tunisien où les agences de
voyages ont carrément bénéficié d'une subvention étatique qu'ils auront à
utiliser chacun selon ses besoins pour éviter un effondrement ou la ruine dans
le sillage de la baisse considérable de l'activité touristique chez nos voisins
de l'Est. Et notre interlocuteur insistera énormément dans ce contexte sur le
désarroi et les peines des voyagistes du Sud qui font face par ces temps de
vaches maigres à «un arrêt total» de leur activité. «Depuis que l'Etat a
interdit les voyages d'étrangers dans le Sud suite à la détérioration du climat
sécuritaire, les agences de voyages de cinq wilayas du Sud vivent un véritable
drame en se trouvant confinées au chômage technique», relève le président du
SNAV - EST. Les wilayas concernées sont Illizi, Tamanrasset, Adrar, Tindouf,
Béchar et à un degré moindre ceux de Ghardaïa et Ouargla, indique M. Farid
Larbaoui, non sans faire part de la déroute des agences de voyages domiciliées
dans ces régions du Sud et qui «faisaient réellement, eux, la promotion du
produit touristique local» lorsque les conditions de séjours des étrangers
étaient meilleures. «On a bien indemnisé les industriels, les agriculteurs et
autres fonctionnaires de ces contrées sahariennes, on accorde aussi une bonne
attention aux jeunes des régions du Sud, pourquoi alors ne pas soutenir les
voyagistes du Sud qui ont tout perdu à cause de cet interdit de voyager dans
les régions du Sud ?», s'interroge notre interlocuteur. Les voyagistes du Sud
n'ayant réalisé aucun bénéfice ne bénéficient, donc, en rien de l'abattement
sur le bénéfice qui sera introduit dans la loi de finances 2014 et l'on serait
mieux attentif à leur égard en leur accordant purement et simplement une
indemnisation conséquente pour préserver leurs activités.