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Hadj : un monopole qui étouffe

par Abdelkrim Zerzouri

«Pour cette saison du hadj 2013, les pèlerins ne vont pas être gâtés», a indiqué hier M. Farid Larbaoui, président du syndicat des agences de voyage de l'est du pays (SNAV-EST).

Cette impression ou appréhension est partagée par tous les acteurs intervenants dans l'organisation du hadj, et tout le monde s'accorde à dire qu'il faut vraiment «tenir sur ses jambes» pour accomplir les rites du cinquième pilier de l'islam. D'où les strictes conditions sanitaires exigées pour tout prétendant au hadj. Notre interlocuteur, «sans animosité et dans un souci de mieux préparer, sur le plan organisationnel, les saisons de hadj», tient-il à souligner, que «la monopolisation de l'organisation du hadj par l'Etat a étouffé l'aspect de concurrence entre les voyagistes en matières de variété des services. Cette fois-ci, tout le monde est logé à la même enseigne, chambres à 4 et 5 hadjis et transport collectif». Car, ajoute-t-il dans ce sillage, «l'Etat a organisé seul le hadj de 28.000 pèlerins algériens, sur une liste prévue de 37.000, et il a tout juste distribué des quotas de hadjis sur liste nominative pour les agences de voyage, accordant en général quelque 200 pèlerins pour chaque voyagiste (ndlr, 400 hadjis à quatre ou cinq d'entre eux), lesquels voyagistes sont rémunérés en contrepartie à 2500 dinars par hadji. Le sort a fait que les voyagistes fassent office de fonctionnaires chez l'Etat», dira-t-il sur un ton morne. Pis encore, «on exige de nous d'établir un contrat avec le pèlerin. C'est là une grave discrimination, du fait que le client me soit imposé sans qu'il ait établi un quelconque contrat avec l'organisme qui l'a inscrit et déclaré apte au hadj, soupire-t-il. Imaginez que ce hadji soit pris de complication de santé ; c'est à moi de le prendre en charge ! Mais comment dois-je le faire sans avoir un médecin avec moi, vu qu'on nous limite à prendre uniquement, par chaque agence, trois guides et un imam qu'on doit aussi rémunérer (!?). Enfin, on doit assumer notre rôle afin de ne pas perdre la crédibilité chez les pèlerins». Décidément, les affaires ne sont pas au beau fixe pour les voyagistes qui sortent à peine, pas totalement rétablis, des séquelles d'une saison omra catastrophique en matière d'équilibre de la trésorerie. «On a demandé à l'état de prendre en charge les pèlerins qui ne désirent d'autre avantage que d'accomplir le hadj selon un strict minimum matériel, et de laisser aux autres, ceux qui peuvent se permettre des variétés dans le service, faire leur choix auprès des voyagistes, mais c'était un appel vain», s'est-il désolé. Reste maintenant à éviter les scandales qui ont émaillé la délégation algérienne en période de hadj aux lieux saints de l'islam. Pari difficile. Car, même si le quota est diminué de 9000 pèlerins, une diminution de près de 20% généralisée pour tout le monde arabo-musulman, l'accomplissement des rites du hadj sera cette année des plus haletant. A commencer par l'hébergement des hadjis, logés assez loin de La Mecque, officiellement à cause des travaux d'extension de la Mosquée El Haram, et aussi sous la pression de fortes appréhensions de troubles politiques dans un contexte géostratégique «assis sur un volcan». Les pèlerins doivent donc faire de longs trajets éreintant pour rejoindre La Mecque. Même le ministre des Affaires religieuses et du waqf, Bouabdalah Ghlamallah, reconnaissait avant-hier que les conditions de la saison du hadj 2013 «seront difficiles» en raison des travaux d'extension de la mosquée de La Mecque. Celui-ci intervenait lors d'une journée de sensibilisation et d'orientation au profit des guides accompagnant les hadjis aux Lieux Saints. Le ministre a confirmé les appréhensions qui pèsent sur cette saison du hadj en insistant que les conditions de la saison du hadj 2013 seront «exceptionnelles» par rapport aux années précédentes en raison des travaux d'extension dans les Lieux Saints (La Mecque et Médine) outre la canicule et l'exiguïté des lieux. Concernant l'hébergement, M. Ghlamallah a précisé que l'Etat algérien était parmi les premiers pays à réserver des immeubles proches de la mosquée de La Mecque. Sachant que les immeubles les plus proches sont situés à 1400 mètres. Pour précision, l'Etat algérien a payé 50% pour une réservation de 37000 lits auprès de partenaires saoudiens, et l'on ne sait comment il s'y prendra pour se faire rembourser la différence (moins 9000 places) ? Sur un autre registre, purement religieux, le ministre a déclaré que la responsabilité de «la validité ou non du hadj» incombait aux guides à travers les orientations et les conseils qu'ils donnent aux hadjis à toutes les étapes. Dans le même cadre, le ministre a appelé les guides à prendre en compte le niveau d'instruction des hadjis, soulignant que ces guides doivent relever du ministère des Affaires religieuses. Pour sa part, le président de l'Office national du hadj et de la omra (ONHO) a mis l'accent sur le port par les imams accompagnant les hadji de l'habit traditionnel algérien qui facilitera leur identification. Les guides ont fait part à cette occasion de leurs préoccupations et des difficultés auxquelles ils pourraient être confrontés lors de leur mission, notamment la disponibilité des moyens de transport à proximité des lieux d'hébergement, une question essentielle pour éviter le risque de se perdre dans d'autres délégations et vivre le martyre. Le ministre a assuré les guides que ces préoccupations seront prises en considération avant les premiers départs, prévus dès le 18 septembre prochain à partir des aéroports de Constantine, Annaba, Alger, Oran et Ouargla, rappelant que des cours supplémentaires seront organisés au profit des hadji du 8 au 10 septembre à travers les différentes wilayas. Il s'agit d'une initiation intensive qu'il s'agit d'acquérir sérieusement.