Les élèves exclus
du baccalauréat de la session juin 2013 pour cause de «tricherie» ont commencé
à retirer leurs relevés de notes à partir de lundi dernier dans les
établissements scolaires des concernés. Autant dire une seconde déception les
attendait, plus cruelle que celle ressentie au début du mois de juillet lors de
l'annonce des résultats du bac. L'émotion était très forte dans les lycées ces
deux derniers jours où les parents et les élèves ont pleuré à chaudes larmes
lorsqu'ils ont constaté que le même reproche et la même sanction ont été
reproduits d'une façon officielle sur les relevés de notes. Ces relevés de
notes mentionnant la note «zéro» obtenue à l'épreuve de philosophie, ainsi que
l'observation portée en face, à savoir «exclu à cause de la participation à la
tricherie», étaient accompagnés d'une décision signée par le directeur de
l'Office national des examens et concours, M. Salhi, et mentionnant que le
candidat, dont l'examen du baccalauréat de la session juin 2013 est annulé, est
exclu de la participation au prochain examen de la session 2014. «Les candidats
sont dans un état psychologique catastrophique, certains n'ont pas pu admettre
cette conclusion et il y a eu des cas d'évanouissement et des recours à la
violence verbales qui auraient pu facilement dégénérer n'était-ce
l'intervention des parents pour apaiser un tant soit peu leur colère», nous ont
signalé hier des représentants des parents d'élèves exclus du bac. D'après la
réaction de ces derniers, ce verdict final, appuyé par le Premier ministre, n'a
pas amoindri «leur volonté d'aller loin pour revendiquer l'annulation de la
sanction et exiger des notes réellement obtenues par leur progéniture au bac»,
car les notes portées sur les relevés remis aux candidats ces deux derniers
jours ne sont pas reconnues par les élèves et leurs parents. On a attribué des
notes «forfaitaires» aux élèves, l'essentiel c'est que dans l'ensemble, le
candidat n'arrive pas à une moyenne de 10, soutiennent les représentants des
parents, M. Djamel et Mme D. Nadia, qui nous ont contactés hier. «On ne
reconnaît ni les notes ni la décision d'exclusion», s'exclament-ils. «Je n'ai
pas combattu 14 ans pour éviter à mon enfant de tomber dans le piège de la
drogue ou d'autres maux sociaux pour qu'on vienne aujourd'hui me dire qu'il est
jeté dans la rue sans me faire réagir», indique Mme D. Nadia. Dans cet esprit,
on annonce une reprise des rassemblements de protestation, aujourd'hui même,
notamment un sit-in quotidien devant le siège de la direction de l'Education de
Constantine, où le ton devrait monter nettement relativement aux manifestations
du mois de juillet dernier. «Maintenant, en sus de l'exigence de l'annulation
de la sanction, on demande le départ du ministre de l'Education», clament les
parents d'élèves. Ces derniers, très déçus par l'absence du moindre soutien
moral de la part des associations de parents d'élèves, dénoncent un manque de
solidarité «incompréhensible» et une «démission fatale» dans les maillons du
système pédagogique. «Cela prouve à souhait que les associations de parents
d'élèves n'existent que sur du papier (ndlr, agréments), sans attache réelle avec
le terrain», relève pour sa part M. Djamel. Ajoutant dans ce sens qu'il s'agit
là «d'une faille très grave dans le système pédagogique». Et cette fois-ci, les
parents d'élèves protestataires ne se contenteront pas uniquement d'investir la
rue, car l'engagement en parallèle d'une ou de plusieurs procédures judiciaires
est sérieusement envisagé. Une plainte a été déposée hier au niveau de la
Sûreté de wilaya contre près de 70 enseignants qui avaient établi un PV au
lendemain des troubles nés dans le sillage de la distribution des copies des
épreuves de philosophie, adressé au ministère, où l'on témoigne en tant que
surveillants de ces épreuves «de tricherie collective à travers plusieurs
centres d'examen à Constantine». Le PV en question n'a pas transité par la
direction de l'Education qui, elle, s'en tient aux PV des chefs de centres
d'examen et qui ne signalent guère des cas de tricherie, affirment les parents
d'élèves, ainsi que des responsables de la direction de l'Education. «Si ces
enseignants possèdent des preuves sur la tricherie qu'ils dénoncent, qu'ils la
produisent, sinon on ne les lâchera pas», préviennent les parents d'élèves. «La
plupart d'entre nous ne se trouvent pas dans une situation matérielle aisée,
mais tout le monde est prêt à sacrifier jusqu'à ses propres bijoux pour arriver
à la vérité et laver cet affront de ?tricherie' qui marque les élèves», lance
une représentante des concernés. Aussi, on compte ester en justice le ministère
de l'Education pour obtenir l'annulation de la sanction et la révision des
notes données aux élèves. «Nous inscrivons pour le moment notre action dans un
cadre national, mais on doit vous avouer que nous sommes décidés à porter notre
cause devant des organismes internationaux si le cas s'avère nécessaire», conclut-on.