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LE TOMAHAWK DE SELLAL

par M. Saadoune

Barack Obama ayant décidé de retarder sa «frappe», parlons donc du Tomahawk - il a utilisé le mot en louant sa «précision» ! - lancé par Abdelmalek Sellal contre le système éducatif national. Les tares de ce système n'étant un secret pour personne, le «tir» de M. Sellal manquait pourtant terriblement de précision. Au point de taper à côté et de susciter des moqueries acides sur les réseaux sociaux ! Les gouvernants algériens devraient, une fois pour toutes, se mettre dans la tête que si les journaux peuvent faire dans la «retenue», les réseaux sociaux sont crus et commentent à chaud.

Bien entendu, les réactions au Tomahawk du Premier ministre se sont focalisées sur la grosse bourde qui consiste à déclamer un morceau de verset coranique pour le présenter comme de la poésie? C'était une pique d'humour qui a raté son coup. Les syndicats des enseignants n'ont pas non plus apprécié que l'on rende les enseignants responsables des politiques éducatives où ils ne sont que des exécutants. Pour eux, le message de Sellal devrait s'adresser à ceux qui dirigent le secteur de l'enseignement - et le pays - et non aux enseignants qui deviennent un peu les boucs émissaires commodes. Le Premier ministre a énoncé une lapalissade sur l'importance des maths et des disciplines scientifiques. Les Algériens qui payent chèrement des cours particuliers à leurs enfants ne l'ignorent pas. C'est par ces créneaux qu'on a le plus de chance de rencontrer l'ascenseur social, les lettres étant en général dévalorisées. C'est une réponse des parents qui le peuvent à la réalité du marché.

C'est cependant bien l'Etat qui élabore les programmes et décide de la manière d'affecter les ressources, il lui revient donc, au nom de la nécessité, des besoins ou des impératifs de l'économie, de mettre en place les politiques qui favorisent les disciplines scientifiques. Pas besoin de lancer des Tomahawk sur des enseignants qui sont, eux-mêmes, demandeurs de meilleure formation. Messaoud Amraoui, porte-parole d'un syndicat d'enseignants, a rappelé avec justesse que ce ne sont pas les enseignants qui ont décidé de la calamiteuse décision de démanteler l'enseignement technique alors que l'économie du pays en a grandement besoin. Le vrai problème est que le Premier ministre semble opposer les «humanités» - lettres, sciences humaines - aux disciplines scientifiques. Or, à moins d'être aveugle, le problème n'est pas une affaire de dosage pour avoir plus de matheux - encore une fois, c'est une question de politique et de moyens à mettre en œuvre - mais de qualité générale de l'enseignement.

L'ENJEU EST DE RELEVER LE NIVEAU GENERAL DES ENSEIGNANTS DANS TOUTES LES DISCIPLINES, LETTRES, SCIENCES HUMAINES OU MATHEMATIQUES, AFIN DE PERMETTRE UNE TRANSMISSION CORRECTE DU SAVOIR. IL FAUT BIEN ENSEIGNER LES MATHEMATIQUES COMME IL FAUT BIEN ENSEIGNER LES LANGUES - TOUTES LES LANGUES - ET L'HISTOIRE. IL FAUT DONC ETRE TRES PRECIS DANS LE DISCOURS AFIN D'EVITER QUE LES TIRS CENSES ETRE CRITIQUES PERDENT LEUR SENS. LE PROBLEME N'EST PAS LES MATHS CONTRE LES SCIENCES HUMAINES OU CONTRE LA POESIE. LE PROBLEME EST CELUI DE L'ENSEIGNEMENT DE QUALITE A DONNER AUX ENFANTS ALGERIENS ET DES INVESTISSEMENTS A CONSENTIR POUR CELA. C'EST UNE QUESTION DE CHOIX POLITIQUE ET NI LA POESIE, TRAITEE AVEC UN MEPRIS CAVALIER, NI LES ENSEIGNANTS N'EN SONT RESPONSABLES.