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Si Mehdi revient, ce n'est pas tant pour dire, mais pour présenter un
parent à lui qui va dire. Mehdi dit qu'il a un frère. Un sosie qui s'appelle
Mehdi aussi ; une probable erreur de transcription du préposé à l'état civil.
Une myopie ou un strabisme. Pathologie chronique. Donc deux frères tels deux
gouttes d'arsenic.
Identiques d'un point de vue géométrique. Face à face, l'un s'impose ; on s'imagine alors, qu'il n'y a qu'un seul zigoto, devant un miroir, tel Narcisse, ivre d'extase. Pathologie aigue. Ils sont pourtant deux et différents. Deux, et disons contraires. Le premier, c'est Mehdi la géométrie, celui qui fait, certains le savent, des démonstrations en l'air avec un bout de calcaire. Le deuxième, c'est Mehdi l'arithmétique. Et vas-y les calculs. Le premier marche à reculons ou en biais, certains le savent, le deuxième ne cherche qu'à monter. Grimper en sautant les barreaux de toute échelle, les marches de tout escalier. Pourvu que ça monte. Mehdi adore être en haut. L'ivresse des hauteurs. L'un est suspendu dans les airs, certains l'ignorent ; le second a toujours les pieds rivés sur terre. Beaucoup le devinent. Mehdi l'enfouissement. Et si le premier c'est Mehdi la vérité, le second c'est Mehdi la contrevérité, le faux, le bluff. Et ça bluffe tellement, que certains se demandent s'il veut rouler les autres dans la farine, ou se rouler lui-même dans une autre farine, sucrée celle-là. Rapide comme l'éclair, Mehdi la contrevérité cogite : fausse monnaie, faux billets, fausses notes, fausses rumeurs, faux moudjahidines, faux bachots, faux machins, usage de faux. Omettant les faux barrages. A propos du bachot, Mehdi a entendu parler du cirque de cette année, même si lui, s'en bat les flancs, puisqu'on dit qu'il a un Bac moins sept. D'autres disent qu'il a un vrai faux bac. D'autres encore pensant, que s'il prétend avoir son Bac ou plus, on devrait lui faire repasser la philo, avec sept sujets au choix. Juste pour voir. Soufflant à la moindre occasion, qu'il a un Bac, Mehdi se fait appeler monsieur le Bachelier. Quand Mehdi ment, donc en état d'alerte quasi-permanent, ses narines gonflent, gonflent, se dilatent, se contractent, palpitent. Sinon, Mehdi le pro de la perfidie, est obnubilé par l'arithmétique. Il sait très bien compter. Un PC sophistiqué, dernière génération. Un micro greffé au cerveau. Il aime par exemple compter les moutons, qu'ils aient cinq pattes, quatre ou deux. Il a une préférence pour les moutons de Panurge. La chair est tendre, ça se découpe aisément. Et puis cuisson, ingestion, mastication et digestion. Il adore aussi compter les brebis, qu'elles soient galeuses ou égarées, et les troupeaux, n'importe lesquels. Il adore autant les moutons noirs que les blancs. Il n'est pas raciste pour un sou. Question de sous, il adore payer en monnaie de singe, mais ne travaille qu'avec les espèces. Sonnantes et trébuchantes. Amasser, convertir, et transférer. Petit à petit l'oseille fait d'autres petits qui deviendront grands. Il est ainsi Mehdi le faux, alias Mehdi II, puisqu'il y a l'autre. Ou Mehdi II, pour les intimes. Celui qui pense que le monde appartient à ceux qui pêchent tôt. Toute honte bue. C'est qu'il a du pif, ce Mehdi, même si son nez se limite à sa fonction physiologique. Enfin presque, puisque Mehdi II respire par les oreilles, pas par le nez, pas par la bouche. Sa bouche est faite pour ingérer ou discourir. Et, au centre de sa tronche, son nez est juste là, incrusté comme un noyau, au centre d'un abricot. Sauf que l'abricot est un fruit, et le noyau donne un arbre qui donne aussi des fruits. Même que le noyau d'abricot contient de la vitamine B17, et il semble que celle-ci soit réputée pour avoir une action anticancéreuse. Utile donc à l'humanité. Bref, Mehdi II pourrait revenir, pour vous dire, puisqu'il n'a rien dit aujourd'hui. Si ! Avant de revenir, il pourra au moins vous dire, qu'on lui a dit, que les noyaux, les abricots, les pruneaux, les autres fruits et beaucoup d'autres végétaux contiennent d'autres vitamines ou des produits médicinaux. Et si ça ne carbure pas trop, au niveau de nos hôpitaux, où l' on peut clamser pour un bobo, pourquoi ne pas développer l'industrie des noyaux et des pruneaux, se demande Mehdi II, le coco. Pas beau d'avaler son extrait de naissance, et transcrit de surcroît, en faux, par le myope cité plus haut. Tout cela à défaut d'une industrie des noyaux. Par ailleurs, Mehdi II déteste la chaleur. Il sait que l'insolation ne pardonne pas ; elle étourdit Mehdi. Elle peut l'assommer. Il supporte mieux le froid. Il est donc adapté à d'autres climats, lui qui passe douze mois, moins quelques poussières, là-bas. Ici, il assume et gère les poussières qui restent. Pour l'autre rive, pour d'autres rêves. Et quand il est ici, il y va là-bas, sans trop de tracas, puisqu'il a la double. Quoi ? Oui, 2 vestes en 1 ; doublée en cas de pépins. Une réversible pour Mehdi II. Il sait s'adapter, vu son PC compatible. Il est donc là-bas un peu partout. Et comme il adore les hauteurs et les grandeurs, il ne rate pas de visiter tout ce qui est haut ou grand, comme édifice. Par exemple, il aime faire un tour, là où il y a des tours : Paris, London, Madrid, New-York, Genève, Shanghai, Dubaï, Pise et autre. Non, il évite Pise, car sa tour qui penche de plus en plus, pourrait chuter et le décapiter. Il peut alors mourir, sans voir Venise. Ici, il rumine. Les devises. C ?est capital, les capitaux, pour lui qui vague selon le vent et la vague. Profiter là-bas des soirées mondaines, siroter une existence de bombance, se détendre près des lacs, visiter les musées, faire comme les intimes. Et tout, et tout. A la vertu, nul n'est tenu. Telle est son autre devise à Mehdi la perfidie. « Snoblesse oblige » comme elle a dit. |
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