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Menaces d'attentats au Moyen-Orient et en Afrique : L'ambassade US, à Alger, rouvre ses portes

par Moncef Wafi

L'ambassade américaine à Alger a rouvert, hier, pour la gestion des affaires courantes, au même titre que celles au Bengladesh, l'Afghanistan, la Mauritanie ou encore l'Irak. Alger, après la décision de Washington de fermer son ambassade, dimanche, a dit prendre acte. Le département d'Etat américain a annoncé, ce dimanche, la prolongation jusqu'au 10 août de la fermeture de 19 de ses ambassades et consulats au Moyen-Orient et en Afrique, par mesure de sécurité, après des menaces d'attentats jugés crédibles de la part d'Al-Qaïda.

Outre les 15 représentations diplomatiques déjà fermées, le 4 août, 4 nouveaux postes consulaires sont concernés par cette mesure.

Les responsables sécuritaires américains sont unanimes à qualifier cette menace terroriste de très sérieuse, allant jusqu'à évoquer «une des menaces les plus crédibles et les plus précises que j'ai vues depuis le 11-Septembre », selon Michael McCaul, président de la Commission de la sécurité intérieure de la Chambre des représentants, ajoutant qu'un attentat semble «imminent».

Peter King, membre de la Commission du renseignement de la Chambre des représentants, souligne lui, que les renseignements évoquaient l'importance de l'attentat, en précisant que «quelques dates étaient citées aussi». «Nous pensons que cela va, le plus probablement, se passer au Moyen-Orient ou autour d'une ambassade, mais il n'y a aucune garantie», ajoutera-t-il.

Partant de ces informations, le communiqué du Département d'Etat a annoncé que les représentations diplomatiques à Abou Dhabi, Amman, Le Caire, Riyad, Dahran, Djeddah, Doha, Dubaï, au Koweït, Manama, Mascate, Sanâa, Tripoli, Antananarivo, Bujumbura, Djibouti, Khartoum, Kigali et Port Louis resteront fermées jusqu'à samedi prochain.

Vendredi dernier, le président des Etats-Unis d'Amérique, Barack Obama, a donné l'ordre à son équipe de sécurité nationale de prendre «toutes les mesures nécessaires pour protéger les Américains».

Et pour cause, des communications électroniques interceptées, dans lesquelles d'importants cadres d'Al-Qaida discutaient d'attaques contre les intérêts américains au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, ainsi que dans «la Péninsule arabique».

Les Américains soupçonnent un prélude à une ou des attaques, d'ici fin août, contre les intérêts américains, dans la région, d'autant que ces informations relayent le message publié, jeudi, par Ayman Al-Zawahiri sur des forums djihadistes.

Le chef d'Al-Qaida appelait, ainsi, à attaquer les intérêts des Etats-Unis, en représailles à ses actions militaires dans le monde musulman et à ses attaques de drones au Yémen où le n°2 d'Al-Qaida, dans la Péninsule arabique (AQPA), Saïd Al-Chehri, a été abattu, sa mort ayant été confirmée, en juillet.

Selon le département d'Etat, ces attaques pourraient se produire, principalement, dans les transports et d'autres infrastructures touristiques. La déclaration du général Martin Dempsey, chef d'Etat-major des armées américaines, précisant que «l'intention est d'attaquer l'Occident, et pas seulement les intérêts américains» a fait réagir les capitales européennes puisque Londres et Berlin ont décidé, également, de fermer leur ambassade au Yémen, les 4 et 5 août, «pour des raisons de sécurité». Paris leur a emboîté le pas en fermant son ambassade à Sanâa. Le Canada qui avait fait savoir, dans un premier temps, qu'il n'allait pas suivre l'exemple «diplomatique» des États-Unis a, quand même, décidé de fermer, dimanche, son haut-commissariat au Bangladesh. Pour sa part, l'Union européenne (UE), a annoncé qu'elle prendra «toutes les précautions nécessaires», précisant qu'à ce stade, elle n'a pas de preuve d'une menace quelconque concernant spécifiquement ses délégations à l'étranger. Rappelons que face à cette alerte mondiale au terrorisme, des voix discordantes se sont élevées pour faire entendre une autre version des faits. Ainsi, des commentaires notaient que la mesure décrétée, vendredi, tombait à pic, au moment où la principale agence de recueil de communications, la NSA, est vivement soupçonnée d'avoir espionné des pays «amis» ainsi que la population américaine.

Depuis le début de la polémique sur les activités de la NSA, les dirigeants du renseignement américain rappellent, à chaque occasion, qu'un grand nombre d'attentats ont pu être évités grâce aux écoutes de cette agence d'espionnage.

Pour les Iraniens, cette fermeture des ambassades est prélude à un nouveau complot, selon Mohammad Kothari, membre de la Commission de la sécurité nationale et de la politique étrangère du Majlis Islamique.