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La Tunisie aurait-elle déjà sombré dans le chaos du terrorisme et de
l'instabilité politique ? La situation actuelle dans le pays est loin d'être
aussi caricaturale, même si elle reste extrêmement préoccupante.
Les nouvelles en provenance du mont Chaambi, où se déroule une vaste opération militaire pour en déloger un groupe terroriste affilié à Aqmi et composé d'éléments issus des groupes armés qui terrorisaient les populations maliennes du Nord, ne sont pas bonnes. Dimanche, un véhicule de l'armée tunisienne en opération près du mont Chaambi a sauté sur une mine. Bilan: deux morts et plusieurs blessés. Les deux morts ont été inhumés hier à Bizerte et à Sidi Mouzid. Les décès annoncés lundi portent à 14 le nombre de militaires et gendarmes tués au mont Chaambi depuis la fin 2012. Selon le bilan officiel, aucun terroriste n'y a été tué. Par ailleurs, le gouvernement dirigé par Ali Larayedh a appelé dimanche les terroristes à se rendre, et a multiplié les opérations policières. «Rendez les armes, rendez vous à la police, la société et la justice le prendront en considération», a déclaré le Premier ministre Ali Larayedh. Et, dimanche soir, le ministre de l'Intérieur Lotfi Ben Jeddou a apporté des précisions sur une série d'opérations «antiterroristes» menées depuis vendredi à travers le pays, dont l'une d'elles menée à Sousse (140 km au sud de Tunis) a permis l'arrestation d'un suspect, Lotfi Ezzine, dans l'assassinat le 25 juillet du député d'opposition Mohamed Brahmi, la première dans cette affaire. Le ministre n'a apporté aucune précision sur le rôle que l'individu aurait joué dans ce meurtre attribué à la mouvance salafiste et qui a déclenché une profonde crise politique. M. Ben Jeddou a aussi indiqué qu'une opération dimanche à l'aube à Tunis a permis l'arrestation d'un complice présumé, Ezzedine Abdelaoui, dans l'assassinat en février de l'opposant Chokri Belaïd. Lors de l'assaut mené par la brigade antiterroriste (BAT), un autre «terroriste» a été tué et quatre blessés. Lors d'autres interventions, un homme soupçonné de préparer un attentat suicide a été arrêté et trois «extrémistes religieux» préparant une attaque contre une banque ont été mis sous les verrous. Deux trafiquants d'armes ont aussi été arrêtés à la frontière libyenne en possession de kalachnikovs, de roquettes et de détonateurs. M. Ben Jeddou a par ailleurs regretté la position de l'opposition, alors que le pays est menacé par le terrorisme. «Lorsqu'un pays est frappé par le terrorisme, tous ses citoyens resserrent leur rang, sauf en Tunisie où le terrorisme divise», a-t-il dit lors de conférence de presse, appelant les Tunisiens à la cohésion autour des forces de l'ordre et de l'armée. PRO-ENNAHDA-OPPOSITION, L'AUTRE BATAILLE Pour autant, la bataille entre le gouvernement Ennahda et ses partisans contre l'opposition fait rage, à un moment où le pays traverse l'une de ses pires crises politiques de ces deux dernières années. En réponse aux manifestations réclamant son départ, Ennahda a organisé dans la nuit de samedi à dimanche un rassemblement massif, en réponse aux appels à la démission du gouvernement et à la dissolution de l'Assemblée nationale constituante (ANC). Les islamistes ont réuni des dizaines de milliers de partisans à Tunis - 200.000 selon le parti - pour défendre leur «légitimité». Rached Ghannouchi, le chef d'Ennahda, a estimé que ce rassemblement avait fait échouer une tentative «d'importer un coup d'Etat», en référence à la destitution par l'armée du président Mohamed Morsi le 3 juillet en Egypte. Dans la nuit de dimanche à lundi, les manifestants anti-Ennahda devant l'ANC étaient une nouvelle fois quelques milliers. Le député Samir Ettaïeb a accusé Ennahda d'avoir utilisé des fonds publics pour ramener par bus des milliers de manifestants de tout le pays, expliquant ainsi l'ampleur de cette mobilisation. Les opposants ont aussi appelé à un grand rassemblement aujourd'hui mardi pour réclamer le départ du gouvernement et la dissolution de l'ANC, dont les travaux sont paralysés faute de consensus sur le projet de Constitution. Au Bardo, où le groupe de ?'la légitimité'' observait un rassemblement depuis plusieurs jours pour demander le départ du gouvernement, les manifestants se sont dispersés lundi à l'appel du coordinateur du mouvement, Abdelhamid Troudi. Il explique cette décision d'abandonner les «sit-in» par «une volonté de préserver l'intégrité du pays et la sécurité des citoyens», appelant au «dialogue avec le gouvernement», selon l'agence TAP LES SOUPIRS DE LA PRESSE De son côté, la presse tunisienne est excédée par cette situation qui plonge le pays dans l'impasse politique. Elle a accusé la classe politique dans son ensemble d'être responsable de la crise déclenchée en Tunisie par l'assassinat de l'opposant Mohamed Brahmi. «Chacun a des intérêts politiques ou personnels alors que la situation actuelle indique que le pays s'est dirigé d'une façon étonnante vers le terrorisme après l'assassinat de Mohamed Brahmi», estimait le journal arabophone Assabah Alousbouï. «Il est certain que les gouvernements post-révolution et les élites politiques au pouvoir et dans l'opposition portent la responsabilité de cette situation» en Tunisie, souligne Assabah Alousbouï. «Sous d'autres cieux, un tel évènement aurait soudé la nation pour affronter le péril comme un seul homme», note quant à lui l'hebdomadaire Tunis-Hebdo. A Sidi Bouzid, enfin, des heurts avaient été enregistrés lundi entre policiers et manifestants, qui voulaient investir le siège du gouvernorat, le titulaire du poste étant un militant d'Ennahda. |
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