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Les choses changent au Maroc, doucement peut-être,
mais elles changent. Le roi Mohammed VI pour circonscrire les demandes de
changement dans le pays avait procédé à une réforme de pure forme de la
Constitution. Le pouvoir absolu du roi n'était pas remis en cause et des pays
«amis» se sont empressés de louer les «grands changements» survenus au Maroc.
Mohammed VI s'est estimé quitte. Il a «réformé» et les amis occidentaux ont apporté leur témoignage, les sujets marocains contestataires doivent rentrer dans le rang à coups de matraque ou par la prison. En donnant satisfaction à un ami occidental sur un dossier particulièrement scabreux, le roi du Maroc a réveillé avec force une demande de réforme chez les Marocains, plus que révulsés par un absolutisme qui se permet d'absoudre un violeur d'enfants. Cet absolutisme royal est la cible de la colère et des manifestations qui ont eu lieu après la libération d'un pédophile condamné à 30 ans de prison pour viol de 11 enfants marocains. Au fil des révélations, l'affaire prend un tour scabreux et sordide. Le pédophile espagnol d'origine irakienne serait un agent des services espagnols - ou leur protégé -, ce qui expliquerait le peu de cas fait au sentiment des Marocains par le Palais royal. L'explication donnée par le ministre, islamiste, de la Justice de la décision de gracier Daniel Galvan, inclus dans une liste de 48 détenus espagnols, a achevé d'écœurer les Marocains. Pour le ministre marocain, le «sentiment des victimes» a été pris en compte puisque le pédophile libéré est interdit d'entrée au Maroc. La mère de la plus jeune des victimes du pédophile a donné, elle, son vrai sentiment : «Nous avons été violés deux fois, je m'en remets à Dieu». Comble de l'ironie, du côté du Palais royal espagnol on laisse entendre qu'on en attendait pas autant du roi du Maroc. «Juan Carlos d'Espagne a bien demandé au roi Mohammed VI de gracier des Espagnols purgeant des peines de prison au Maroc, mais il ne savait pas si le nom du pédophile qui a violé 11 enfants marocains figurait sur la liste des bénéficiaires», a déclaré le porte-parole du Palais royal espagnol. En réalité, le Palais marocain ne se souciait guère des «sentiments» des sujets. La décision qui a été prise «entre dans le cadre des relations stratégiques qui lient les deux pays amis ». Le «jeune» et «moderne» roi du Maroc n'a pas compris que l'information au temps d'Internet peut se transformer en action. Et ce ne sont pas les sous-fifres du Makhzen qui sont dénoncés mais les pouvoirs exorbitants du roi. LA DECISION DE GRACIER EN EST L'ILLUSTRATION LA PLUS HUMILIANTE QUI SOIT. LE ROI DU MAROC N'EST PAS UN REFORMATEUR MAIS SA MANIERE D'EXERCER LE POUVOIR CREE LA DEMANDE DE REFORME. LES MAROCAINS NE SONT PAS DUPES DES «PRECISIONS» APPORTEES PAR LE CABINET ROYAL LAISSANT CROIRE QUE LE ROI MOHAMMED VI N'EST PAS RESPONSABLE DE LA GRACE QU'IL A SIGNEE. DE MANIERE LAPIDAIRE, L'EXCELLENT SITE MAROCAIN LAKOME NOTE QUE LE COMMUNIQUE DU CABINET ROYAL RESSEMBLE AU DERNIER DISCOURS DE BEN ALI : «JE VOUS AI COMPRIS, ON M'A TROMPE (GHELTOUNI)». LE PALAIS ROYAL EST CLAIREMENT A LA RECHERCHE D'UN BOUC EMISSAIRE POUR LUI FAIRE ENDOSSER LA SCANDALEUSE DECISION DE LIBERER LE PEDOPHILE. MAIS C'EST BIEN L'ABSOLUTISME ROYAL QUI EST EN CAUSE. |
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