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Depuis le début de l'année 2013, des actes lâches et ignobles ont été
perpétrés, essentiellement par des hommes, à l'encontre de femmes généralement
seules, portant le foulard.
Le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF) a, en 2012, recensé « 369 actes islamophobes, dirigés contre des individus ou des institutions, contre 298 en 2011. Soit une augmentation de 25% ». Le CCIF évoque « une constante dans les actes islamophobes : les femmes en sont les principales victimes. Parmi les cas d'agressions visant des individus, 87% ciblent des femmes. Les femmes voilées sont la première cible des agressions physiques, à 76%». Au rythme des agressions qui ont animé les mois de mai à juillet, ces chiffres peuvent encore augmenter. En effet, des signaux laissent croire que le climat en France est délétère et mauvais. Pas plus tard que lors du traditionnel interview du 14 juillet 2013 du président de la République, Laurent Delahousse, le présentateur « star » du journal télévisé du 20 h de France 2, a posé une question au président de la République, François Hollande, à propos de sa déclaration sur la compatibilité de l'Islam avec la démocratie, survenue lors de son dernier voyage en Tunisie. Delahousse enchaîne alors avec la question suivante : « Il y a en France 5 à 6 millions de musulmans, un tiers se déclare croyant. Si un parti fondamentaliste et islamiste se créait en France, quelle serait votre réaction ? » La question de ce présentateur traduit la conception qu'il pourrait avoir sur cette religion, et la confusion de définition entre le musulman et l'islamiste. Cet amalgame participe à la construction du rejet du groupe de personnes adepte de cette religion. Cette confusion dans l'esprit du Français «moyen» a, il y a quelque temps, été corroborée par la formule «scientifique» de l'ancien ministre et député UMP Christian Estrosi, qui a jugé qu'Islam et démocratie n'étaient «absolument pas» compatibles, contrairement à ce qu'avait déclaré le président François Hollande, lors de son voyage officiel en Tunisie, deux jours auparavant. Une honte pour la France ! Un groupe de personnes est mis en cause en raison de son appartenance à une religion déterminée, en l'occurrence l'Islam. La parole haineuse et incitatrice à la haine et à la violence se banalise à un degré tel qu'on passe, maintenant, à l'acte en agressant des femmes musulmanes - dans une abjecte indifférence. Devant cette situation, le constat de l'indifférence du corps associatif français, qui se veut « universaliste », ainsi que des partis politiques, est scandaleux. La société civile reste silencieuse ; sinon, elle agit avec un communiqué de presse d'usage et l'indignation s'arrête là ! Ce contexte donne finalement des armes à l'hostilité, à l'exclusion et aux violences à l'égard de cette population. Plusieurs situations confirment ce malheureux constat, depuis le mois de mai 2013. Agressions visant des individus : Deux nouvelles agressions à caractère raciste et islamophobe ont eu lieu à Reims. La première s'est produite, le vendredi 12 juillet 2013, « dans un parc du centre-ville vers 16h. La victime, une jeune femme âgée de 18 ans, a été violemment agressée par un homme ». La seconde agression est survenue, le samedi 13 juillet 2013 : « Une femme voilée s'est faite agressée, en plein centre-ville, par un homme. Ce dernier la frappa d'un violent coup de coude. La femme demanda alors des explications. Son agresseur lui répondit avec des insultes : ?Sale Arabe',,' bougnoule'. » Ces deux nouvelles affaires s'ajoutent à deux autres cas de violence à Argenteuil. Deux femmes ont été frappées car elles étaient femmes et musulmanes. Ces deux critères sont devenus une double peine pour certaines personnes. Ces deux filles voilées ont porté plainte pour agression à trois semaines d'intervalle, entre fin mai et mi?juin 2013. L'une des deux victimes raconte que deux hommes l'ont mise à terre, frappée et traitée de « sale Arabe » et de « sale musulmane », et la deuxième victime a perdu son bébé après sa violente agression. Ratonnade raciste à Agen : Dans la nuit du 22 au 23 juin 2013, Hakim Benamara a été agressé par cinq membres et sympathisants du groupe d'extrême droite radicale « Troisième Voie » (dissous en Conseil des ministres le 10 juillet, après avoir annoncé son « auto-dissolution » le 25 juin 2013). La police avait arrêté, aux premières heures suivant l'agression, les cinq hommes et deux femmes qui l'avaient perpétrée, après que les deux victimes, âgées de 24 et 33 ans - qui revenaient d'un festival de rock à Agen - s'étaient présentées à la police, le dimanche 23 juin vers 3h du matin, pour dénoncer leur agression. La victime d'origine maghrébine a fait l'objet d'une ITT de 30 jours. Agression dans un bus parisien : Le 30 juin 2013, une jeune femme de 21 ans, exerçant le métier d'auxiliaire de vie pour personnes âgées et vulnérables, prenait le bus comme tous les autres soirs pour se rendre à son travail. « Quand une dame âgée monte dans le bus, la jeune femme lui cède naturellement sa place, mais la dame refuse et l'invective de manière virulente à propos du foulard qu'elle porte. S'ensuit une discussion houleuse :'Sale Arabe, retourne dans ton pays, tu devrais relire le Coran?', lui assène la dame. Au moment de descendre à l'arrêt de son travail, Mlle G doit une nouvelle fois faire face à l'agressivité de la dame âgée. Cette dernière, se croyant suivie, bouscule Mlle G, qui cette fois-ci lui répond. A ce moment, un homme de grande taille arrive vers Mlle G et la gifle violemment. Elle s'accroche à lui pour le retenir en appelant au secours. Il a fallu que des personnes s'interposent pour éviter qu'il ne continue. » Exclusion raciste du système éducatif : Sirine, une collégienne de 15 ans à Villiers-sur-Marne, était victime, pendant l'année scolaire 2012/2013, d'une discrimination au sein de l'institution scolaire. Exclue car elle portait simplement une jupe « longue » et un bandeau. Exclue par l'institution qui a comme principale vocation de transmettre les valeurs de la tolérance et du vivre ensemble. Le cas de Sirine a suscité l'émoi dans la communauté musulmane. Un élan de soutien a été suscité en vue de l'accompagner dans l'obtention de son Brevet. Cette adolescente a résisté à l'arbitraire de son école grâce à son courage et sa détermination et a pu décrocher son diplôme. Des personnes qui sont devenu(e)s malgré elles le symbole du combat contre le racisme. Le politique doit se ressaisir et la justice doit dire, haut et fort, le droit et rappeler les principes de notre pacte social. * Avocat au Barreau de Paris |
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