Alors qu'il ne
reste qu'un ou deux jours avant Ramadhan, les prix des fruits et légumes et
autres viandes se sont découverts subitement des ailes et ont déjà pris leur
envol vers les cimes.
Un passage chez le
boucher nous fait découvrir l'horreur dans toute sa dimension : le kilo de
viande de mouton atteint et dépasse les 1400 DA pour une qualité vraiment
médiocre, celui de la viande bovine varie entre 900 et 1500 DA, alors que le
poulet ne coûte pas moins de 270 DA plein et plus de 320 DA s'il est évidé. La
dinde est vendue entre 500 et 900 DA le kilo selon les pièces voulues alors que
nous préférons ne point parler du foie, qu'il soit de mouton, de bovin ou de
dinde car il est pratiquement hors de portée des bourses de la majorité des
Algériens. Pour les légumes, la pomme de terre, longtemps cédée à des prix
relativement bas, commence à montrer un visage plus effrontée en affichant 40
DA le kilo avec une tendance haussière perceptible. Les oignons n'ont pas encore
bougé d'entre 30 et 35 DA le kilo mais les carottes sont passées de 50 à 100 DA
le kilo en moins de vingt-quatre heures. C'est aussi le cas pour les courgettes
qui ont vu leur prix avoisiner les 120 DA après avoir été cédées à 50 et 60 DA
ces derniers jours. La salade, les tomates, les poivrons, les piments, les
betteraves ont aussi connu une hausse d'au moins 25% entre vendredi dernier et
hier dimanche. Quant aux haricots verts, blancs ou rouges, peu de gens en ont
achetés ces derniers jours puisqu'ils ont toujours plané au-dessus du tas en
coûtant entre 120 et 250 DA le kilo. Les fruits sont logés à la même enseigne
puisque, déjà, les figues, en fin de parcours, sont passées de 120 à 200 DA,
les pêches et les abricots ont pris entre 30 et 40 DA de plus par kilo, de même
que la banane qui passe de 130 à 160DA en l'espace de deux jours. C'est la même
tendance pour tous les autres fruits, sauf un peu pour la pastèque dont le prix
stagne entre 40 et 60 DA (et c'est déjà trop cher) alors que le melon ne veut pas
descendre de son piédestal à 120 DA le kilo en priant pour qu'il soit mûr et
sucré. Pour les légumes secs, Ramadhan et saison estivale combinés font que la
demande sur les haricots, les lentilles et autres pois secs soit nulle sauf
pour les pois-chiches qui ont vu leur prix passer de 200 à 245 DA ou plus, ces
derniers jours. Les produits nécessaires à la préparation de «l'ham Lahlou»
(plat de viande sucrée) ont vu leurs prix doubler entre l'année dernière et
cette année, puisque les raisins secs sont passés de 400 à 700 et 800 DA le
kilo, les pruneaux secs de 300 à 500 et les tranches d'abricot asséché coûtent
ces jours-ci 700 DA contre 400 il y a une année. On ne connaît pas encore les
prix des sucreries qui ne seront présentées que le premier jour du Ramadhan, ni
des jus (de quoi ?) qui seront proposés à profusion durant le mois sacré.
Quoiqu'il en soit, ce sont toujours les consommateurs qui paieront de leurs
poches et de leur santé le manque de conscience des commerçants et leur course
pour amasser le plus d'argent en un laps de temps très court.