Le droit de
préemption introduit dans la LFC 2009 fait encore partie de la panoplie des
dispositions qui n'ont jamais été appliquées. Ne l'oublions pas, les
interminables négociations qui se déroulent toujours officiellement au sujet de
Djezzy ne se font pas sur la base du droit de préemption, mais d'une
transaction « banale » entre le nouvel acquéreur, Vimplecom, et l'Etat Algérien.
Djezzy sera, peut-être, propriété de l'Etat Algérien à 51% mais sans droit de
préemption. Et puis voilà que le gouvernement, selon un confrère, se serait
souvenu de ladite disposition après l'annonce de la fermeture de l'usine
Michelin Algérie. Des objections légales existent sur la possibilité de mise en
œuvre de ce droit de préemption. Un expert fait valoir que la transaction
Cevital-Michelin n'est pas une cession de participation mais une augmentation
de capital alors que l'article sur le droit de préemption de la LFC 2009 ne
s'applique qu'à la cession des participations. Il n'empêche qu'à la suite de
cette transaction, Michelin Algérie cessera d'être une société de production
pour devenir une entreprise commerciale. Faut-il voir dans cette « info » un
coup de semonce pour demander aux nouveaux associés de reconsidérer l'option de
la fermeture de l'usine ? A Michelin Algérie, on n'y croit pas trop. Et avec
une certain fatalité, on a le sentiment que les jeux sont faits et que les
travailleurs ont été vendus « comme des pneus ». La semaine Michelin, racontée
de l'intérieur, cela donne un « article économique » totalement atypique et
pourtant plus révélateur que les chiffres. Ce qui ne veut pas dire que ces
derniers ne disent rien. Ainsi la nouvelle LFC 2013 annoncée est « cadrée » par
quelques chiffres lourds. Ceux des dépenses de fonctionnements qui ont atteint
en 2012 la bagatelle des 65 milliards de dollars? ou alors le très inquiétant
chiffre des 600.000 voitures qui pourraient être importées d'ici la fin de
l'année ! On peut comprendre qu'on ne veuille pas trop que Michelin Algérie
ferme. On importe aussi les pneus qui suivent les voitures. Les juristes
pourront dire si le droit de préemption est valable ? ou si cela est bancal ?
par contre, il est évident qu'il n'y a aucun système de veille sérieux sur la
vie des entreprises. Le gouvernement comme les employés de Michelin Algérie
semblent avoir été pris totalement de court. La veille économique parait très
sécuritaire ! L'Etat veille à ce que le prix du pain ne change pas, retarde
constamment la hausse des tarifs d'électricité et importe de la patate quand
elle manque. Mais quand il y en a trop, il ne sait pas quoi faire. Les
consommateurs algériens n'ont pas de vraies associations mais sur certains
produits l'Etat est « leur association ». Il voit en eux des émeutiers
potentiels. Des fellahs qui croulent sur une production de pommes de terre? ne
font pas d'émeutes. On se soucie un peu moins d'eux. Mais l'Etat assure qu'il
les aide à ne pas tomber dans la faillite. Ainsi vont les choses, on réagit aux
choses quand elles arrivent, on ne les précède pas. Et quand Bibendum se fait
la malle personne ne sait que dire. Sauf une voix off perdue qui se désole
qu'une usine soit en passe de devenir un entrepôt. Rien de neuf sous le ciel de
la RADP !