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Où est le président Abdelaziz Bouteflika ? En France. A cette question simple, la réponse n'a pas été simple. L'étrange incommunication officielle qui fait le lit de toutes les rumeurs a été la règle et les Algériens qui s'y intéressent sont ballottés dans tous les sens. La seule information «certaine» est en définitive venue du Quai d'Orsay qui a déclaré, sans entrer dans le détail, que le président algérien se trouvait toujours en France. Le ministère français des Affaires étrangères aura, de manière indirecte, démenti les affirmations de Hichem Aboud, ex-officier des Services devenu patron de «Mon Journal», selon lesquelles Bouteflika avait été ramené «en Algérie» dans un état comateux. Poursuivi pour atteinte à la sûreté de l'Etat, Hichem Aboud s'est signalé? en France d'où il ne semble pas vouloir revenir de sitôt. Les Algériens découvrent, consternés, que la seule information certaine est venue des représentants d'un pays étranger. Comme si le Quai d'Orsay suppléait, sans en avoir l'air, à une terrible défaillance de la communication publique des autorités algériennes. Le simple fait de dire que le chef de l'Etat algérien se trouvait en France a permis de dégonfler l'info-rumeur sur son retour en état comateux au pays. Pour le reste, le Quai d'Orsay a probablement jugé qu'il ne lui revenait pas d'entrer dans le détail pour dire s'il se trouve toujours à l'hôpital ou s'il est en convalescence quelque part dans l'Hexagone. Et on peut supposer que les responsables français ont tenu à donner cette information pour se distancer du Point qui a affirmé en citant des «sources médicales» que les organes vitaux du chef de l'Etat étaient touchés. Des «sources médicales» ne pouvant venir que du Val-de-Grâce, établissement militaire où l'on ne communique pas, il fallait probablement faire cette précision. Histoire de ne pas être embarqués dans l'étrange communication muette du pouvoir algérien. LE SILENCE ET LES ROMANS Hier, les rédactions attendaient un communiqué du gouvernement qui n'était pas encore tombé au moment de la rédaction de ces lignes. Pendant que le «cinéma muet» de l'Etat algérien se poursuivait, dans les médias étrangers, les spéculations vont bon train. A l'image des Echos, journal économique titrant l'Algérie «se prépare à la nomination d'un nouveau président». Les assurances des ministres -qui ne semblent pas plus informés que le reste des Algériens- ne pèsent pas lourd devant les rumeurs. L'évocation de l'article 88 de la Constitution sur l'empêchement du président devient persistante dès lors que l'information officielle est devenue sujette à caution. Les spéculations peuvent aller loin, à l'image de la lettre confidentielle Maghreb-Intelligence, une lettre de barbouzes français qu'on dit fortement liés au Makhzen marocain, qui a élaboré un «roman» sur une réunion autour du patron des Services algériens qui aurait réuni Abdelmalek Sellal, Abdelkader Bensalah, le général Tartag et Saïd Saadi ou le milliardaire Issaad Rebrab. Une histoire à dormir debout mais qui illustre le cinéma bruyant que permet le spectacle de film muet qu'offre l'Etat algérien depuis trois semaines. |
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