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UNE FATWA POUR LA SYRIE

par M. Saadoune

L'imam fonctionnaire d'Al-Jazira, AlQaradhaoui, avait édicté une sorte de fatwa il y a quelques jours en suppliant les Etats-Unis d'intervenir pour combattre les forces d'Al-Assad et «sauver» le peuple syrien. C'est le même imam qui avait exprimé son refus de l'intervention militaire américaine en Afghanistan après les attentats de septembre 2001. C'est le prêche sur commande de l'Etat du Qatar et Al-Qaradhaoui ne ménage pas ses efforts allant jusqu'à commettre un des prêches les plus odieux jamais prononcés dans une mosquée après l'assassinat de l'imam Al-Bouti.

Quelques jours après l'imploration de l'intervention américaine en Syrie de Qaradhaoui, une délégation de la Ligue arabe s'est rendue à Washington pour décider des concessions à faire sur le dos des Palestiniens. Sans surprise, la délégation était dirigée par le Premier ministre du Qatar et elle apportait dans ses bagages, sans demander leur avis aux Palestiniens, un engagement à ne pas s'en tenir à la ligne de 1967. Cela n'a rien à voir avec le dossier syrien clament-ils ! Et pourtant? il s'agissait bien d'inciter les Américains jugés trop «frileux» à exaucer la fatwa de l'imam cathodique et donc celle du Qatar et de l'Arabie Saoudite. La crise syrienne est devenue par un enchaînement entre l'aveuglement du régime syrien et une opposition sans vision et très largement sous influence des puissances étrangères, une entreprise de destruction générale du pays. Elle a été transformée, par les uns et les autres, en un conflit confessionnel entre musulmans sunnites et musulmans chiites? Et telle une mécanique impitoyable avec des enjeux géostratégiques évidents, toute la région de l'Irak au Liban en attendant d'autres est en train de sombrer dans une guerre «religieuse» d'un autre âge.

Les Américains qui jouent allègrement avec une «ligne rouge» fixée au régime syrien au sujet d'un usage présumé de l'arme chimique ne pouvaient pas laisser sans réponse une «fatwa» aussi pressente venant de l'imam officiel de monarchies amies. Ils sont donc intervenus par le biais de leur armée dans la région, celle d'Israël. Obama a justifié les attaques israéliennes contre la Syrie. Mais les justifications «arabes» avaient été déjà données et on leur a même adjoint l'onction religieuse d'Al-Qaradhaoui. Certes, l'indignation est légitime devant la banalisation des bombardements israéliens et l'assentiment qui leur est apporté par les présumés «amis du peuple syrien» mais on ne s'attendait pas à des cadeaux de leur part. Mais il faut bien voir que la Ligue arabe sous contrôle des émirs a déjà servi d'alibi et elle met aussi bien de l'argent que des fatwas pour justifier ce qui se passe en Syrie.

QUAND ON DEMANDE AUX ETATS-UNIS D'INTERVENIR EN SYRIE, C'EST STRICTO SENSU LE DEMANDER A ISRAËL. ET QUAND LA LIGUE ARABE EN APPELLE A UNE ACTION «IMMEDIATE» DU CONSEIL DE SECURITE APRES LES BOMBARDEMENTS ISRAELIENS, ON EST BIEN DANS UNE HYPOCRISIE QUI NE SE CACHE PAS, QUI S'ENONCE MEME. MOHAMED MORSI PEUT PARLER POUR LA FORME D'AGRESSION ET DE «VIOLATION DES PRINCIPES ET DU DROIT INTERNATIONAUX, DE NATURE A (...) MENACER LA SECURITE ET LA STABILITE DE LA REGION». LA MESSE A ETE DEJA DITE.