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Après avoir annoncé qu'ils vont présenter un projet de résolution
aux quinze pays membres du Conseil de sécurité de l'ONU pour étendre le mandat
de la Mission des Nations unies au Sahara Occidental (MINURSO), les Américains
ont encore plus nettement pris leurs distances avec la position marocaine sur
le dossier sahraoui en faisant dire à leur ambassadeur en poste à Rabat que son
pays en accord avec l'ONU « considère que la proposition marocaine d'autonomie
ne peut pas servir de seule base dans les négociations entre les parties en
conflit (Maroc et Front Polisario) ».
L'on imagine l'effet produit sur le Palais royal par la « bombe » lancée par l'ambassadeur de la puissante Amérique dont le soutien aux thèses marocaines était présenté comme immuablement acquis par les autorités de Rabat. Déjà sonnés par l'annonce de Washington sur la nécessité d'étendre le mandat de la Minurso, Mohamed VI et le gouvernement marocain paniquent après la « sortie » de l'ambassadeur US à Rabat d'autant qu'ils ne peuvent voir dans son propos un « dérapage » qui n'aurait pas l'assentiment de Washington. Face à la dégradation de sa position au plan diplomatique, il réagit en s'enferrant dans l'obstination et la menace de rétorsion. Parmi celles-ci, des sources médiatiques croient savoir qu'ordre a été donné par le Palais au commandement militaire marocain de suspendre l'opération African Lion 2013 prévoyant des manœuvres militaires conjointes maroco-américaines ce mois-ci dans la région d'Agadir. Pas de quoi affoler l'Amérique et lui faire reconsidérer son attitude. Il est clair que l'entêtement de Rabat à poursuivre sa politique de répression brutale contre les défenseurs sahraouis des droits de l'homme a fini par heurter les consciences à Washington où l'on a réalisé que continuer à manifester de la compréhension au comportement coupable des autorités marocaines en matière des droits de l'homme au Sahara Occidental jette le discrédit sur la position américaine en la matière s'agissant d'autres Etats qui en font de même. Il semble par ailleurs que plus prosaïquement l'administration américaine du second mandat présidentiel de Barack Obama a convenu d'une autre approche ayant trait à la vision américaine concernant le Maghreb et aurait décidé d'opter pour une position des Etats-Unis plus équilibrée dans les différends multiples qui opposent les deux Etats clefs qui le composent : l'Algérie et le Maroc. Sans aller jusqu'à voir dans la nouveauté des positions exprimées par Washington sur le conflit sahraoui la manifestation du « lâchage » par elle du Maroc, l'on peut raisonnablement déduire qu'il s'est agi de faire comprendre à ce pays que l'ère du soutien indéfectible au royaume est révolu et que ce dernier a à faire preuve de « réalisme » et à cesser de se croire au-dessus de la légalité internationale qu'il piétine sans retenue au Sahara Occidental depuis plusieurs décennies. Cette pression à se montrer « réaliste » accule le trône marocain qui sait qu'en s'y résolvant il met inévitablement en danger l'unité nationale qu'il a facticement réunie autour de lui en faisant de la question de la « marocanité » du Sahara Occidental son ciment. |
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