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Le pouvoir marocain semble faire preuve d'un
surprenant amateurisme dans ses réactions, très excessives, au sujet du projet
de résolution préparé par Mme Susan Rice, ambassadrice américaine à l'Onu, au
sujet de l'élargissement du rôle de la Minurso à la surveillance des droits de
l'homme. Tous les militants des droits de l'homme ne peuvent que se réjouir
qu'un instrument de l'Onu s'acquitte de la mission de surveillance du respect
des droits de l'homme qui est au cœur de sa mission. Les autorités marocaines
qui ne cessent de dénoncer des atteintes aux droits de l'homme dans les camps
sahraouis à Tindouf et parlent de «séquestrés» auraient dû se réjouir.
Désormais, si la résolution passe, la Minurso pourra vérifier ces assertions. Mais elle le fera également dans les territoires sahraouis sous contrôle marocain. Un représentant de l'Association marocaine des droits de l'homme, Abdalilah Benabdesselam, a qualifié l'extension des prérogatives de la Minurso comme un «pas important» qui aura des effets positifs sur les droits de l'homme dans la région. «Pourquoi avoir peur de cette extension alors que le discours officiel affirme que les droits de l'homme sont respectés ?», a fait valoir le militant des droits de l'homme. Une prise de position courageuse qui risque de susciter des réactions véhémentes, mais M. Benabdesselam a souligné que pour l'association des droits de l'homme, c'est la «référence à l'universalité des droits de l'homme» qui prime. Il faut en effet saluer le fait que l'Onu prenne enfin en charge la question des droits de l'homme au Sahara Occidental comme dans les camps de réfugiés de Tindouf. En haussant le ton, les autorités marocaines entrent, une fois de plus, dans une mauvaise bataille. Le plus curieux est que c'est sur ce même sujet des droits de l'homme qu'elles ont engagé et perdu un bras de fer pour «renvoyer» Christopher Ross, l'émissaire du secrétaire général de l'Onu pour le Sahara Occidental. L'«assistance» de la diplomatie française n'a été d'aucun secours. Le secrétaire général de l'Onu et l'administration américaine ont été intraitables : Christopher Ross est chargé de la mission et il le restera. Tous les «amis» occidentaux de Rabat lui ont fait comprendre qu'il s'est engagé dans une mauvaise querelle contre M. Ross. La suite est connue. Christopher Ross est toujours là et le Maroc a essuyé un gros revers diplomatique. L'actuelle nervosité de Rabat - qui s'est exprimée par l'annulation de manœuvres militaires prévues à Agadir - poursuit de manière étrange cette mauvaise querelle. A priori, les diplomates marocains paraissent totalement pris de court par le projet de résolution préparé par les Américains. Pourtant, le rapport du secrétaire général de l'Onu, la mission effectuée en août dernier, la fondation Robert Kennedy, présidée par Kerry Kennedy, qui avait dénoncé un «climat de peur» au Sahara Occidental et les constats faits en octobre par le rapporteur spécial de l'Onu sur la torture, M. Juan Mendez, ne pouvaient rester sans suite. L'alarmisme des autorités tient-il au fait que le «bouclier» français, en général très efficace, n'a pas fonctionné ? |
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