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Moncef Marzouki est très régulièrement pris à partie
par les laïcs, les modernistes ou les militants de gauche? qui voient en lui un
des leurs qui a trahi. Pourtant, il fait bien partie de ces courants qui le
dénoncent vertement, les moins virulents le présentant comme un idiot utile des
islamistes. Il fait aussi partie plus fondamentalement d'une culture tunisienne
pondérée, dialogueuse qui, dit-il dans une boutade, est liée à sa «géographie»?
«Tout cela vient de ce que la Tunisie n'a pas de montagnes»? qui fait que dans
ce pays plat, avec ses classes moyennes, on recherche davantage les solutions
que les conflits. Contrairement par exemple au relief heurté et rugueux de
l'Algérie, on a tendance à préférer les passages en force que la discussion.
Bien entendu, le président tunisien, entendu dans l'excellente émission «Là-bas si j'y suis» de Daniel Mermet (France Inter), a tenu à nuancer la «boutade», une «plaisanterie», dit-il, adressée à des amis algériens qui critiquaient, il y a longtemps, l'inaction des Tunisiens. Il a restitué les facteurs de l'histoire qui font que les Tunisiens sont plus portés vers les solutions consensuelles. Un rappel utile dans le contexte tunisien actuel où aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur, on pousse à transformer les clivages politico-idéologiques en source de confrontation violente, Marzouki incarne bien cette culture de la pondération qui n'est ni de la mièvrerie ni de la naïveté. Son rôle, explique-t-il, dans un système politique encore indéfini puisqu'une constituante cherche à le faire, est de travailler du «matin au soir pour que les Tunisiens ne soient pas montés les uns contre les autres». Et il le fait avec l'entêtement de celui qui sait - il connaît l'Algérie - qu'il n'y a aucune issue dans la confrontation ou dans l'exclusion. Il défend les classes moyennes francophones soucieuses de leurs libertés et qui n'acceptent pas qu'on leur impose un mode de vie particulier. Mais en même temps il sait qu'Ennahda représente une réalité sociale qu'on ne peut ni ignorer ni gommer. Il relativise le poids des salafistes qui est devenu le principal biais par lequel on regarde, dans les médias français, la Tunisie. Il s'agit bien pour les Tunisiens de recréer et de réinventer les conditions de vivre ensemble dans un contexte non dictatorial et non policier. Les éditocrates parisiens qui ont été souvent des laudateurs de Ben Ali ont inventé «l'hiver islamiste» qui succéderait au «printemps». Des officiels français n'ont pas hésité à lancer des appréciations sommaires et même comminatoires en direction de la Tunisie après l'assassinat de Chokri Belaïd. EN REALITE, LA TRANSITION TUNISIENNE, AVEC SES IMMENSES DIFFICULTES, EST CELLE QUI MARCHE LE MIEUX. ET ON LE DOIT TRES CLAIREMENT A LA CLAIRVOYANCE DE CEUX QUI DIRIGENT CETTE «TROÏKA» SI FORTEMENT VILIPENDEE DE TOUTE PART. ELLE EST EN TRAIN, DANS LA DIFFICULTE, DE FAIRE «L'INVENTION D'UNE DEMOCRATIE». LA DIFFICULTE DE S'ENTENDRE SUR UN TEXTE CONSTITUTIONNEL, MARZOUKI L'EXPLIQUE POSEMENT PAR LE SOUCI GENERAL DES TUNISIENS DE NE PAS REVIVRE LA DICTATURE. IL FAUDRA DEBATTRE ET DEBATTRE? AFIN D'ABOUTIR A UN TEXTE QUI UNIT LES TUNISIENS DANS LA DEMOCRATIE. IL Y A BIEN CHEZ MARZOUKI, COMME CHEZ CEUX QUI PARTAGENT LA GESTION DE CETTE TRANSITION, UNE APPROCHE QUI RECONCILIE AVEC LA POLITIQUE. ET QUI DONNE DU CREDIT A SON ASSERTION QUE LES TUNISIENS SONT EN TRAIN D'INVENTER LA DEMOCRATIE. CAR, ELLE N'EST JAMAIS DONNEE, ELLE SE CONSTRUIT |
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