L'interdiction faite aux 96 militants algériens des droits de l'homme de
sortir du territoire, le lundi 25 mars 2013, pour se rendre au Forum social
mondial à Tunis continue de faire des remous.
Ce vendredi, et dans son communiqué de dénonciation, le Collectif des
Familles de Disparus en Algérie (CFDA) annonce avoir saisi les rapporteurs
spéciaux des Nations Unies et de la Commission africaine des droits de l'Homme
et des Peuples suite à cette interdiction. « Le CFDA a saisi ce jeudi 28 mars
le Groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires, la Rapporteure
spéciale sur la situation des défenseurs des droits de l'Homme, le Rapporteur
spécial sur le droit de réunion et d'association pacifiques et la Présidente de
la Commission africaine des droits de l'Homme et des Peuples ». Le communiqué
signé par Nassera Dutour, la porte-parole du CFDA, explique que Hacène Ferhati,
militant actif de SOS Disparus, se trouvait parmi la délégation algérienne
bloquée depuis cette date à la frontière tunisienne. Le CFDA dénonce également
l'interdiction faite personnellement à Hacène Ferhati de quitter le territoire
puisqu'« il a tenté à plusieurs reprises de se rendre au Forum Social, une
nouvelle fois par voie terrestre au poste de Souk-Ahras et deux fois à
l'aéroport international d'Alger d'où il a voulu prendre un avion pour Tunis »,
avant d'être refoulé par la police des frontières « sans qu'une explication
valable ne lui ait été fournie », ajoute encore le communiqué. « Hacene
Ferhati, militant des droits de l'Homme et membre de SOS Disparu(e)s a de
nouveau été empêché de quitter le territoire algérien aujourd'hui (NDLR 26
mars) par la Police algérienne des Frontières (PAF) à l'aéroport international
de Houari Boumedienne, alors qu'il tentait de rejoindre Tunis par avion. Il se
trouvait avec des membres du Front des Forces Socialistes (FFS) qui ont été
autorisés à voyager. La PAF n'a fourni aucune explication quant au refus de
laisser M. Ferhati sortir du territoire » rapportait déjà un communiqué signé,
le 26 mars dernier, conjointement par Le CFDA, SOS Disparu(e)s, le Réseau
euro-méditerranéen des droits de l'homme (REMDH), l'Observatoire pour la
protection des défenseurs des droits de l'Homme, programme conjoint de la
Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH) et de
l'Organisation mondiale contre la torture (OMCT), la Ligue Algérienne pour la
Défense des Droits de l'Homme (LADDH), le Syndicat National Autonome du
Personnel de l'Administration Publique (SNAPAP), le Réseau d'Avocats pour la
Défense des Droits de l'Homme (RADDH) et l'association Agir pour le Changement
Démocratique en Algérie (ACDA). Le communiqué du CFDA demande aux organisations
internationales et régionales des droits de l'Homme d'intervenir auprès des
autorités algériennes « afin qu'ils lèvent immédiatement l'interdiction de
quitter le territoire conformément au Pacte international des droits civils et
politiques (PIDCP) et à la Charte africaine des droits de l'Homme et des
Peuples », ratifiés par l'Algérie, rappelle-t-on. Par ailleurs, les
organisations signataires du communiqué du 26 mars rappellent les antécédents
du genre puisqu'ils affirment « que ce n'est pas la première fois que les
autorités algériennes entravent le déroulement d'un forum social. En 2010 déjà,
le Forum social syndical maghrébin qui devait se tenir à Alger, a été interdit.
Plus récemment en février 2013, l'organisation du Forum social syndical
maghrébin a de nouveau été marquée par la répression des autorités policières à
l'encontre des chômeurs algériens et étrangers, empêchant ainsi la tenue du
forum », est-il indiqué.