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La santé de la femme algérienne est malade. Le taux de mortalité
maternelle reste très élevé, 81,4 décès pour 100.000 naissances (2009).
Et l'injustice la plus criarde, ce sont les inégalités en matière d'accès aux soins pour les femmes du Sud par rapport à celles du Nord du pays. L'autre problème sanitaire qui guette les femmes dans le monde et la femme algérienne en particulier, c'est le cancer du sein et le cancer du col de l'utérus. Ces deux types de cancer tuent 1.600 femmes algériennes par an. Les structures sanitaires enregistrent une moyenne de 4 décès par jour, suite à ces maladies dévastatrices. Toutes ces questions relatives à l'état de santé de la femme algérienne ont été débattues, hier, par d'éminents professeurs qui s'occupent de la femme, lors d'une conférence-débat organisée par l'Association algérienne pour la Planification familiale (AAPF), au CENEAP, à Alger. Le taux de mortalité chez les femmes algériennes est très élevé, a estimé le Pr Kabouya Badri Saïd, président de l'AAPF. «Les chiffres sont catastrophiques, mais ces chiffres ne reflètent pas la réalité, ce n'est que la partie visible de l'iceberg», dira-t-il. Pour le professeur, il n'y a aucune raison pour qu'une femme, ne souffrant pas d'une maladie lourde, trouve la mort, à l'occasion d'un événement heureux comme l'accouchement. Le Pr Kabouya a remis en cause la politique des chiffres du ministère de la Santé. «On essaye de convaincre les instances internationales, en affirmant que 90 % des accouchements se font en milieux assistés». Il poursuit «pour moi, le milieu assisté à trois par lit, c'est plutôt un poulailler qu'un hôpital». Le professeur s'est interrogé, est-ce que la femme algérienne a le droit à la santé et son bien-être, que ce soit pour les accouchements ou pour d'autres maladies ? Et de répondre que tout le monde sait que ce n'est pas le cas. Pour le conférencier, la faute n'incombe pas seulement aux hôpitaux ou aux personnels médicaux. «Même les femmes algériennes ne sont pas exigeantes sur la question du bien-être». Il explique «les femmes algériennes, chez nous, se rendent chez le gynécologue pour le désir d'avoir des enfants. En Europe les femmes éprouvent le même désir, mais elles cherchent surtout ce qui vient avant et après ce désir, notamment la question des douleurs, des rapports sexuels et le problème urinaire». Pour sa part, Le Dr Chemoune a affirmé que l'Algérie recense 7.000 nouveaux cas de cancer du sein et 3.560 cas de cancer du col de l'utérus, par an. Pourtant, regrette-elle «ces cancers sont très accessibles aux dépistages». Elle poursuit en affirmant, ce n'est pas du tout normal que 80 % diagnostiqués pour ces deux types de cancer soient au stade final. Elle précise encore, ce n'est pas aussi normal qu'on détecte un cancer du sein chez une femme dans les jours de son accouchement. Autrement dit, certains médecins ne jouent pas leur rôle en matière de dépistage. Les chiffres avancés par le Dr Chemoune confirment cette donne. Elle a indiqué qu'un taux de 0,13 à 0,45% de cancers du sein et du col est détecté lors des examens annuels. C'est dire, que seuls 23% des cancers sont détectés par les médecins, lors de ces examens. Elle conclut «il ne faut pas qu'on parle à nous mêmes, il faut aller vers la rue, à l'intérieur du pays pour convaincre les femmes de mieux s'occuper de leur santé, de se faire dépister et d'être exigeantes sur leur bien-être». |
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