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Les entreprises
algériennes, vivement critiquées pour leur faible performance, se cherchent une
place dans l'ambitieux programme de deux millions de logements tracés pour la
période 2010-2014. Le patronat rejette les critiques, et s'en prend à son tour
au gouvernement, qui veut recourir massivement aux entreprises étrangères pour
combler le retard. Pour les spécialistes, c'est le programme lui-même qui
parait démesuré.
Après l'euphorie des premiers moments, la polémique. Le programme de construction de logements 2010-2014, lancé en grande pompe en Algérie, connait de sérieux revers, ce qui a débouché, cette semaine, sur un déballage public et une polémique entre différents partenaires, qui se rejettent la balle. Le premier ministre Abdelmalek Sellal, en visite en fin de semaine à Annaba, reconnu que ce programme a pris « énormément de retard ». Initialement, le gouvernement avait annoncé son intention de réaliser deux millions de logements durant le troisième mandat de M. Abdelaziz Bouteflika, ce qui constituerait un argument de poids au cas où il déciderait de briguer un quatrième mandat. Mais les résultats sont très éloignés de cet objectif. La construction de logements se fait au rythme de 83.000 logements par an, alors que les autorités tablaient sur un rythme de 225.000 par an. M. Sellal a imputé la responsabilité de ce retard à plusieurs facteurs, s'attaquant directement attaqué aux entreprises privées algériennes, dont la faible envergure entrave la réalisation du programme. « Le secteur privé ne veut pas se grandir »a, a-t-il dit. « Nous allons accélérer la cadence en recourant aux entreprises étrangères », a-t-il ajouté. Le ministre de l'habitat, M. Abdelmadjid Tebboune, lui a emboité le pas, insistant sur les faiblesses relevées. « Les programmes lancés ne sont pas livrés dans les délais impartis », a-t-il dit. Selon lui, « la moyenne normale mondiale est de un an par logement. Chez nous, elle est de trois ans ». De plus, il a reproché aux entreprises algériennes, « qu'elles soient publiques ou privées, d'organiser les chantiers de manière traditionnelle ». Elles « ne mettent pas non plus les moyens adéquats pour réaliser leurs projets dans les délais et dans les normes?, a-t-il dit. «LE BATIMENT NE NECESSITE PAS DE TECHNOLOGIE PARTICULIERE» Au final, le premier ministre Abdelmalek Sellal reproche aux entreprises de constituer un handicap pour cet immense chantier de deux millions de logements, alors que le gouvernement veut « donner une nouvelle image de la politique que nous prônons pour le secteur?. Pour contourner cet écueil, le gouvernement a fait le choix d'introduire massivement les entreprises étrangères dans le secteur du bâtiment. Des accords été signés avec des entreprises espagnoles, portugaises, italiennes et même libanaises. La réplique est venue dimanche de M. Habib Yousfi, président de l'une des organisations patronales, la CGEOA (Confédération générale des Opérateurs Economiques), qui a appelé les patrons d'entreprises algériennes à « faire bloc ». Pour lui, il y a volonté délibérée d'accabler les entreprises algériennes, pour justifier le recours aux entreprises étrangères. « Les pouvoirs publics veulent des logement dans des délais rapides. Ils veulent recourir aux entreprises étrangères. Mais que vont faire les entreprises algériennes ? », s'est-il demandé, ajoutant qu'il doute qu'il y a « nécessité et priorité » d'aller dans cette direction. M. Yousfi a également rejeté les critiques selon lesquelles les entreprises algériennes ne maitrisent pas les techniques requises. « Le bâtiment ne nécessite pas de technologie particulière », a-t-il dit, mettant en doute la capacité des entreprises étrangères à relever les défis. Pour lui, il est « impossible aux entreprises étrangères de réaliser le programme de 1.5 millions de logements ». OBJECTIFS DEMESURES Il a également critiqué le discours sur la faible taille des entreprises algériennes. « Je ne partage pas cette démarche qui insiste sur la taille des entreprises algériennes. On est en train de minimiser leur poids et leur importance », a-t-il dit, pour contourner le reproche selon lequel 95% des entreprises algériennes seraient des entreprises moyennes ou petites. Les entreprises algériennes existent, mais « elles n'ont pas été interpellées pour aller sur les grands projets dans le sud », a ajouté M. Yousfi. « Qu'on nous donne la possibilité de contribuer au développement du pays ». Cette polémique contraste, par ailleurs, avec le zèle affiché par l'ancien gouvernement, qui avait affirmé que le projet de construire un million de logements durant le second mandat de M. Bouteflika avait été dépassé. M. Ahmed Ouyahia avait affirmé que 1.2 millions de logements avaient été construits de 2005 à 2009, ce que contestaient tous les spécialistes, qui mettent en avant la disproportion entre les capacités de réalisation disponibles et l'objectif tracé. Quant au chiffre de deux millions de logements à réaliser entre 2010 et 2014, il parait démesuré. Selon les chiffres donnés par M. Tebboune, le nombre de logements qui serait effectivement réalisé en cinq ans devrait à peine dépasser un demi-million d'unités. |
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