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Le Front du salut national (FSN), principale coalition de l'opposition, a
appelé les Egyptiens à manifester vendredi à travers le pays, plongé dans une
nouvelle crise après plusieurs jours de violences meurtrières. Le FSN a appelé
dans un communiqué le «peuple à descendre dans toutes les places Tahrir
vendredi 1er février pour réaliser les objectifs de la révolution» et protester
contre la mort de dizaines d'Egyptiens dans les affrontements. Cet appel intervient quelques instants après l'annonce par le FSN
qu'il rejetait un dialogue national «vide de sens» proposé par le président
islamiste Mohamed Morsi. Le FSN a ainsi rejeté cet appel au dialogue du
président égyptien, estimant qu'il est «vide de sens» et «de façade».
«Nous ne participerons pas à un dialogue vide de sens», a affirmé lors d'une conférence de presse Mohamed El Baradei, figure de proue du parti, qui regroupe plusieurs mouvements et partis en majorité de gauche et libéraux. Le refus de ce mouvement de la coalition fait suite à un appel pressant du président Morsi aux partis de l'opposition à se réunir hier au palais présidentiel pour dénouer la pire crise politique du pays depuis la chute du régime de Hosni Moubarak. Le parti Al-Dostour du prix Nobel de la paix Mohamed El Baradei, l'ancien SG de la Ligue arabe Amr Moussa et le troisième candidat à la présidentielle de 2012, Hamdeen Sabbahi, ont ainsi été invités, tout comme le Parti de la Liberté et de la Justice (PLJ), la formation islamiste de M. Morsi, à cette réunion de crise. Mais, avant que le FSN ne rejette l'offre «de paix» de Morsi, le parti de M. Sabbahi, le Courant populaire, a annoncé dans un communiqué son «refus de participer à un dialogue alors que se poursuit l'effusion de sang et que continuent les crimes du régime contre les manifestants». Le même parti réclame des «garanties» de réussite du dialogue, et en premier lieu «que le président présente des solutions politiques, pas sécuritaires». M. El Baradei a de son côté affirmé sur Twitter: «Si le président n'assume pas la responsabilité des événements sanglants, ne s'engage pas à former un gouvernement de salut national et une commission pour amender la Constitution, tout dialogue sera une perte de temps». Sur le terrain, les manifestations de protestation contre la politique sécuritaire de Morsi se poursuivent dans plusieurs villes du pays, alors qu'un manifestant a été tué lundi lors d'affrontements entre policiers et manifestants qui se poursuivaient pour la cinquième journée consécutive près de la place Tahrir au Caire, selon un responsable de la police. Un homme a été mortellement atteint à la tête par un tir de chevrotine alors que les manifestants jetaient des pierres sur les policiers, qui répliquaient par des gaz lacrymogènes aux abords de la place et sur un pont y menant. ETAT D'URGENCE A SUEZ, PORT-SAÏD Cette situation explosive autant au Caire qu'à Port-Saïd ou la ville de Suez a conduit le gouvernement égyptien à approuver hier lundi un projet de loi autorisant le président Mohamed Morsi à déployer l'armée dans les rues pour participer avec la police au maintien de l'ordre. Le projet de loi, qui a été approuvé par le Sénat dominé par le parti de M. Morsi, s'appliquerait jusqu'à la fin des élections législatives prévues dans les tout prochains mois et «chaque fois que le président de la République le demandera». Dimanche dans un discours à la nation retransmis à la télévision, le président égyptien avait annoncé des «mesures exceptionnelles» pour faire face à l'escalade de violences, menaçant d'en prendre d'autres si la crise persiste. «Je le ferai pour l'intérêt de l'Egypte. C'est mon devoir et je n'hésiterai pas un instant». L'état d'urgence qu'il a décrété est entré en vigueur à partir de dimanche minuit, décidé après de violents affrontements notamment à Port-Saïd qui ont fait au moins trois morts et plus de 400 blessés dans la même journée de dimanche dans les graves violences qui secouaient cette ville du nord-est de l'Egypte pour la deuxième journée consécutive. Samedi, au moins 31 personnes sont mortes lors de violentes manifestations contre la condamnation à mort de personnes impliquées dans les violences ayant marqué la fin du match Al Masry-Ahly du Caire en février dernier. L'état d'urgence a été décrété pour 30 jours, à Port-Saïd, Suez et Ismaïliya, sur le Canal. Il sera accompagné d'un couvre-feu de 21h00 à 06h00 locales (19h00 à 04h00 GMT) pour la même période. |
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