Le tribunal pénal près la cour d'Alger examinera le 17 février prochain
une affaire de trafic vers l'étranger d'enfants illégitimes et de foetus dans
laquelle sont impliqués 14 personnes dont un ressortissant français, un médecin
et deux notaires, a-t-on appris de source judiciaire. Les services de sécurité
sont parvenus en 2008 à démanteler ce «dangereux» réseau à l'origine de la
disparition d'un grand nombre d'enfants vers l'étranger «grâce à de fausses
procurations». Une enquête a été lancée a la suite du décès d'une jeune fille
suite à une opération d'avortement secrète à la clinique appartenant au docteur
qui est le principal accusé, les investigations ayant révélé que le médecin se
faisait passer pour un obstétricien propriétaire d'une clinique à Ain-Taya et,
avec l'aide de sa s£ur, exploitait les f£tus avortés qu'il conservait dans un
produit spécial et exportait vers l'étranger.
Les deux personnes impliquées dans cette affaire sont deux notaires
originaires des quartiers de Bachdjarrah et Hussein Dey, chargés de rédiger
«des documents de désistement» signés par les mères célibataires. Les services
de sécurité sont parvenus à récupérer 3 enfants au domicile d'une puéricultrice
exerçant dans une pouponnière à El-Biar, et découvert 12 certificats d'adoption
rédigés entre 2005 et 2006, dans lesquels figurent 9 enfants déjà expatriés de
manière illégale et dont la kafala est confiée à d'autres personnes moyennant
une certaine somme d'argent, a précisé la même source. Un ressortissant
français a pu expatrier deux enfants en France grâce à la complicité du faux
médecin, deux mineurs de père et de mère inconnus, les faisant passer pour ses
enfants légitimes, selon la fiche de débarquement. Le médecin prenait en charge
les mères célibataires pendant leur grossesse jusqu'à l'accouchement, après
quoi, il enregistrait le nouveau-né sur les registres de l'Etat civil jusqu'à
leur sortie du territoire sur la base de certificats d'adoption (kafalate)
rédigés par un notaire, les bébés étant ensuite confiés à une puéricultrice,
qui prenait également en charge les femmes enceintes sur le point d'accoucher.
Les mères célibataires accusées impliquées dans cette affaire d'expatriation
ont déclaré avoir été victimes de menaces et contraintes d'abandonner leurs
enfants après leur accouchement sur la base d'une kafala falsifiée rédigée par
un notaire, pour les vendre à une famille résidant en France. Selon la source
sécuritaire, 4 bébés ont été accueillis à l'intérieur du pays et 4 autres ont
été expatriés, tous ayant été pris en charge par une famille française. L'une
des inculpées a remis son nouveau-né dès l'accouchement après avoir signé le
document d'adoption auprès d'un notaire à Bachdjarrah, alors que l'autre s'est
désistée de ses jumeaux contre la somme de 20 millions de centimes. La
troisième inculpée a quant à elle accouché de son bébé dans une crèche à
Surcouf avant de le remettre au médecin dont la clinique était dotée
d'équipements obstétriques spécialisés et où furent découverts des documents
administratifs officiels, des bijoux enveloppés dans des imprimés officiels
ainsi qu'une somme d'argent en monnaies locale et étrangère. En outre «trois
mineurs» ont été récupérés selon la puéricultrice qui a déclaré avoir travaillé
avec le médecin usurpateur pendant 10 ans et pris en charge environ 25 enfants,
le médecin s'occupant uniquement des dépenses en attendant de trouver la
famille d'adoption. Les inculpés seront poursuivis pour «conduite d'un groupe
de malfaiteurs, de séquestration, de transfert d'enfants avec préméditation,
d'usage de faux, d'adhésion à une bande de malfaiteurs, de faux en écriture et
d'usurpation d'identité, a conclu la source.