Après les Américains qui ont fait rapatrier les familles de leurs
expatriés, une procédure standard de sécurité dit-on, c'est au tour des
Français de passer à l'échelon supérieur «en matière de sécurité». Tout en
refusant de donner des détails sur ces mesures, il semblerait que les
entreprises françaises ; elles sont un peu plus de 450 en Algérie ; ont préféré
déplacer leurs employés expatriés vers des zones plus sécurisées, telles que
Hassi Messaoud et Alger, plutôt que de les rapatrier en France. Le ministre de
l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi, a affirmé sans ambiguïté que pour
l'Algérie, il n'était «pas question d'accepter des forces de sécurité
extérieures» et qu'elle allait «renforcer la sécurité mais en comptant sur ses
propres moyens». Par ailleurs, et toujours dans le sillage de l'attaque
meurtrière du site de Tiguentourine, dix Japonais ont été tués dans la prise
d'otages au complexe gazier d'In Amenas, sur les 17 salariés de l'entreprise
nippone JGC qui travaillaient sur place. Alors qu'elle était sans nouvelles de
trois de ses ressortissants portés, dans un premier temps disparus, Tokyo a
confirmé ce jeudi la mort d'un dixième japonais, a déclaré le porte-parole du gouvernement,
Yoshihide Suga. Il avait déjà annoncé mercredi le décès de deux autres Japonais
après les sept dont la mort avait été annoncée dès lundi. Un avion
gouvernemental japonais, un Boeing 747, à son bord le vice-ministre des
Affaires étrangères Shunichi Suzuki et Koichi Kawana, le PDG de JGC, est
reparti d'Alger plus tôt dans la journée de jeudi avec les sept rescapés et les
corps des neuf autres tués, avant que le décès du dixième et dernier ne soit
confirmé. Son corps sera rapatrié, lui, ultérieurement. L'avion s'est posé hier
sur le tarmac de l'aéroport de Tokyo, accueilli avec une grande émotion. Les
corps devraient être autopsiés par les services de la police japonaise afin de
déterminer les causes exactes de leur mort, alors que les diplomates japonais
dépêchés à Alger ont demandé aux autorités algériennes d'assurer la sécurité de
tous les ressortissants nippons présents sur son territoire. Le gouvernement de
Shinzo Abe, qui a fermé temporairement son ambassade au Mali par sécurité,
envisage d'augmenter le nombre d'attachés militaires des représentations
japonaises à l'étranger pour renforcer sa capacité à recueillir des
informations. Une décision qui devra sans doute être accueillie avec beaucoup
de circonspection de la part des pays «ciblés». Si pour le Japon, l'heure est
au deuil, la Norvège, dont cinq ressortissants employés du groupe pétrolier
Statoil, sont toujours portés manquants, a estimé hier qu'il est «improbable»
désormais de retrouver d'ex-otages vivants. «On espère le meilleur mais on
craint le pire», a déclaré, lundi dernier, le directeur général de Statoil,
Helge Lund. Rappelons que Oslo avait envoyé, avec l'accord d'Alger, six experts
médico-légaux avec des échantillons génétiques pour déterminer la présence
éventuelle de Norvégiens disparus parmi les corps restant à identifier.
Concernant toujours les otages étrangers assassinés, le gouvernement philippin
a publié hier un nouveau bilan faisant état de huit Philippins tués dans la
prise d'otages de quatre jours. Le précédent bilan portait sur sept tués et
quatre disparus, alors que douze Philippins ont survécu. Quant à l'enquête sur
l'attaque du commando islamiste et l'implication présumée de deux Canadiens
d'origine arabe, «des fonctionnaires canadiens sont sur le terrain en Algérie et
travaillent avec leurs homologues algériens pour obtenir les informations
nécessaires», a indiqué jeudi un porte-parole du ministère des Affaires
étrangères canadien.
Le Premier ministre, Stephan Harper, a également affirmé que son pays
continuait à travailler avec le gouvernement algérien sur l'implication de
ressortissants canadiens dans la récente attaque terroriste contre le site
gazier de Tiguentourine. Quant aux deux terroristes, Ottawa a paru douter de
leur qualité de citoyens canadiens, demandant à Alger de lui transmettre les
renseignements permettant de la confirmer.