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La reprise militaire du nord du Mali par les troupes
françaises et maliennes est en train de s'opérer comme elle était prévue par un
abandon des villes par les djihadistes et les rebelles d'Ançar Eddine et un
repli en direction des zones montagneuses du Nord. C'est la phase qui est, pour
l'armée française, la plus simple. Alors que l'engagement européen avec la
France est très chiche et que les moyens des pays ouest-africains sont plus que
limités malgré les fanfaronnades des dirigeants, la France va devoir gérer des
situations plus complexes. Directement et pendant un temps beaucoup plus long
que ce qui est proclamé.
L'effort que Paris mène pour amener les Européens à s'engager sur le terrain n'est pas couronné de succès. A telle enseigne que le président du Bénin en appelle à une implication de l'Otan sur le théâtre des opérations. La stabilisation de la situation au nord du Mali prendra du temps. Elle ne sera pas facilitée par les comportements revanchards des troupes maliennes qui ont déjà commencé la chasse aux Touaregs et aux Arabes du Nord. Les «peaux claires» qui deviennent tous suspects d'être des djihadistes. On n'en est qu'au tout début de la campagne de «reconquête» et déjà les organisations des droits de l'homme font état d'exécutions sommaires, d'exactions et de pillages. Ces actes - dont la France sera comptable en définitive puisqu'elle assure le commandement de fait des troupes maliennes - étaient malheureusement prévisibles. Il suffisait de suivre et de lire durant ces derniers mois le discours des politiciens de Bamako pour deviner que les populations du Nord, les «peaux claires» allaient passer de très mauvais moments après le retour de troupes maliennes. Et désormais, on n'en est plus au stade des allégations, les ONG parlent de faits et demandent que des enquêtes indépendantes soient rapidement diligentées. Des appels qui s'apparentent à une tentative d'endiguer des massacres qui semblent s'annoncer. La grande peur chez les Touaregs et les Arabes du Nord dont beaucoup ont pris le chemin des pays voisins après le début des opérations françaises est désormais matérialisée par des actes dénoncés par les ONG. Il y a eu des exécutions commises, sans aucune forme de procès, par les militaires maliens. Et les populations du Nord qui ont à l'esprit les exactions commises dans le passé par les troupes maliennes s'y attendaient. Les ONG s'alarment sans attendre que la furie revancharde s'étende. L'intervention militaire française, adoubée par l'Onu, pour lutter contre les djihadistes peut se transformer en une guerre contre des communautés. Les ONG sont fondées à mettre en exergue la responsabilité de la France. A l'image de la présidente de la FIDH qui note que ces «représailles alliées à la tension extrême entre les communautés constituent un cocktail explosif qui fait craindre le pire, notamment dans la perspective de la reconquête du Nord ». Le président d'honneur de l'organisation, Sidiki Kaba, n'hésite pas à tirer les conclusions politiques de la situation. «Ces exactions entachent la légitimité de l'opération de restauration de l'intégrité du territoire et doivent faire l'objet de poursuites par la justice nationale et, le cas échéant, par la Cour pénale internationale qui a ouvert une enquête le 16 janvier sur la situation au Mali». Un avertissement dont on souhaite qu'il ait de l'effet. Mais rien n'est sûr? Les dérapages ont commencé? et il ne sera pas acceptable de les mettre sur le compte des dommages collatéraux. |
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