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Et si tout le
déclin de la diplomatie algérienne venait de l'intérieur de ses murs ? On est
tenté de le dire au vu de tous les griefs soulevés par le personnel du
ministère des Affaires étrangères, à travers son syndicat autonome, le SAPAE,
qui est allé au clash avec sa hiérarchie. Le département de Medelci, conscient
de l'incongruité du moment et du malaise profond qui ronge son personnel, a
essayé de calmer le jeu en ouvrant les portes du dialogue. C'est ainsi que
s'est tenue, ce mardi, une séance de travail présidée par le ministre des
Affaires étrangères, Mourad Medelci, avec le bureau exécutif du SAPAE et des
représentants de l'administration, prélude selon le communiqué de la Direction
générale des ressources du MAE, rendu public jeudi, à «une nouvelle réunion
pour confirmer et préciser la position du MAE sur chaque question à débattre».
Mais si pour la tutelle cette première rencontre est «positive», il en est autrement du côté du partenaire social puisqu'il a considéré, dans un communiqué rendu public ce mercredi, que la majorité des réponses de la tutelle restent «insuffisantes». Cette première approche risque de conduire vers une impasse et de déboucher sur «la grève comme ultime démarche» au vu du fossé qui existe entre les revendications socioprofessionnelles «légitimes» du personnel du MAE et les réponses données par le département de Medelci. Pour la demande de la SAPAE relative à l'accès le «plus large» à la possibilité pour les agents du corps commun de bénéficier des dispositions du décret présidentiel 91-335 du 22 septembre 1991, qui prévoit la possibilité pour ces agents d'exercer pendant quatre ans au sein d'un poste diplomatique et consulaire, le communiqué du MAE précise que la tutelle a avancé des propositions «concrètes» pour augmenter le nombre de postes ouverts à cet effet sans pour autant donner d'autres indications. Quant à la permanisation des agents contractuels recrutés avant 2007, la Direction des ressources du MAE affirme qu'elle est à l'examen au niveau des services du Premier ministère. Pour le syndicat, et concernant les 132 cas de contractuels à durée indéterminée d'avant 2007, l'administration a proposé «la régularisation de ces cas», précisant qu'«une correspondance a été envoyée à la Fonction publique afin d'obtenir les postes qui permettront cette régularisation». Le ministre s'est également engagé à solliciter le rétablissement de la mesure dérogatoire en relation avec la question des bourses à l'étranger au profit des agents diplomatiques et consulaires dont les enfants doivent poursuivre leurs études à l'éxtérieur. Quant à l'augmentation des salaires des fonctionnaires dont le salaire de base est inférieur au SNMG, le syndicat affirme que l'administration «nie» l'existence de cette catégorie lui demandant de porter à sa connaissance les cas qui sont dans cette situation. Si d'aventure les bas salaires existent, l'administration reconnaît que ce n'est pas de sa faute mais à la réglementation en vigueur, note la SAPAE. Quant à la revendication relative à l'annualité des chefs de postes diplomatiques et consulaires, l'administration «reconnaît que ce mouvement ne s'est pas toujours fait de manière régulière, c'est-à-dire annuellement», indique le syndicat. A propos de la transparence dans la promotion à la Centrale et à l'Extérieur, le syndicat souligne la réponse de l'administration qui «confirme qu'elle s'effectue selon une pratique qui vient d'être codifiée dans un arrêté que le ministre va bientôt signer». Cet arrêté va «organiser, de façon réglementaire, la gestion des carrières du personnel qui jusque-là s'est organisée à travers des pratiques en l'absence de références écrites et formalisées», rapporte, pour sa part, le communiqué du MAE. Le SAPAE, qui a organisé une conférence de presse au siège du ministère de tutelle, a voulu mettre les points sur les «i» en affirmant que la gestion du personnel des Affaires étrangères ne répond à aucun plan de carrière. Pour Mohamed Benchikh, membre du bureau exécutif du syndicat, la gestion du personnel des Affaires étrangères ne répond à aucun plan de carrière : «Pour occuper un poste de responsabilité de sous-directeur, directeur et directeur général au niveau du ministère, ou, encore, ambassadeur à l'étranger, la réglementation en vigueur stipule qu'il faut avoir au moins le grade de conseiller. Or, actuellement, nous assistons à une tout autre manière de faire les choses, c'est-à-dire des promotions clientélistes basées sur des recommandations. Des administrateurs convertis dans le corps diplomatique sont nommés à des postes de responsabilité au moment où d'ex-attachés des Affaires étrangères, des secrétaires aux AE et des ministres plénipotentiaires sont mis à l'écart et marginalisés », dira-t-il. De son côté, la secrétaire générale du SAPAE, Fatiha Souici, a abordé le cas de 132 travailleurs qui ont exercé aux Affaires étrangères au titre de contractuels entre 1978 et 2007. «L'administration a proposé la régularisation progressive de ces cas. 33 dossiers ont été, en principe, transférés à la Fonction publique, mais nous tenons à ce que tous soient régularisés et dans les plus brefs délais», a-t-elle exigé. S'agissant des revendications salariales, Fatiha Souici affirme que des fonctionnaires au MAE touchent des salaires de base en dessous du SMIG, dont certains sont plafonnés entre 9.000 et 14.000 DA. Le bureau exécutif du syndicat tiendra ces jours-ci une réunion pour décider des mesures à prendre. |
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