L'auto-organisation
radicale et bon enfant qui dévoile le gros vide des syndicats officiels, on en
a eu un aperçu avec la grève des postiers. Une victoire totale obtenue après
deux semaines de grève «sauvage» où l'UGTA a démontré sa singulière inutilité,
où un patron public a perdu la face et où il a fallu qu'un ministère descende
dans l'arène et s'engage solennellement d'appliquer les accords conclus. Les
postiers se sont donc octroyé une augmentation de revenus en jouant sur le
rapport de forces et en comptant sur la «compréhension» des usagers. Contraints
et forcés à la solidarité. Pourquoi dès lors chipoter quand des agriculteurs
qui travaillent dans des conditions plus dures ? et qui ne trouvent pas de bras
pour s'occuper des champs? s'offrent un petit rattrapage. Que l'ONS déclinera
en chiffres dans l'inexorable marche vers l'inflation à deux chiffres. Les
postiers comme les paysans ne font que traduire, en dinars sonnants et
trébuchants, la perte de crédit des médiations politiques ? qui peut croire par
exemple qu'Ahmed Ouyahia est écarté par le «marché de la militance» ? ? et
syndicales. C'est la loi du «marché» et du rapport de forces. Ça marche. Les
régulations ne régulent rien. Les syndicats ne représentent qu'eux-mêmes. Les
prix flambent et les agriculteurs-ruraux peuvent être pourfendus par des
consommateurs-urbains, ils ne manquent pas d'arguments pour démontrer que le
rattrapage, par le «marché» qu'ils font n'a rien d'excessif. Ce n'est pas du
cinéma, disent-ils ! Mais les cinémas, c'est aussi une étrange histoire ! Des
communes et leur ministère de «tutelle» ne savent pas quoi faire ? cela fait
des années qu'ils le prouvent ? des cinémas. Mais ils n'entendent pas les
lâcher. Pas touche à mon territoire même s'il devient un désert et des ruines.
En attendant, il n'en reste de ces cinoches que les nostalgies pour ceux qui y
ont, il y a des lustres, conté fleurettes, vu des «hommes de marbre» ou couru
derrière les tribulations de Joseph K dans «Le Procès». C'est qu'au fond le
cinéma, les affaires et même la politique ne sont plus. Il reste que du
«carnaval» du titre d'un mémorable film algérien campé par l'incroyable Othmane
Ariouet où l'on continue à y apprendre beaucoup de choses sur la comédie du
marché et de la politique.