Les grévistes
d'Algérie poste poursuivent leur mouvement de grève et leur rassemblement
devant l'édifice historique de la grande poste, à Alger. Refusant, la prime
d'encouragement de 30 000 DA, décidée par le conseil d'administration d'Algérie
Poste au profit des 24 000 postiers, les grévistes sollicitent l'intervention
du ministre et du 1er ministre Abdelmalek Sellal, pour mettre en place une
commission d'enquête sur la gestion d'Algérie poste. Plus d'une centaine de
postiers, dont certains sont venus de différentes wilayas du pays se sont
rassemblés en force, devant la grande poste. Ils scandaient, hommes et femmes
«l'histoire, c'est notre histoire, et il vaut mieux que les voleurs dégagent».
Ces grévistes qui se démarquent de leur syndicat affilié à l'UGTA, disent
réclamer «leurs droits de travailleurs algériens». Leur revendication est
claire et précise : «nous demandons l'application pure et simple du statut
adopté en 2008 ». «Nous exigeons un écrit émanant du ministre et non pas du DG
de la poste, apportant des réponses claires aux 17 points revendiqués»
précisent les travailleurs protestataires rencontrés sur place. Les postiers
grévistes «soucieux de l'avenir de leur entreprise», vont au delà de
l'amélioration des conditions de travail et exigent une enquête sur «où est
passé l'argent d'Algérie poste ?». Ils sollicitent l'intervention du 1er
ministre pour ordonner une enquête «il faut situer les responsabilités»,
disent-ils. Un gréviste déclare «le DG d'Algérie Poste a affirmé que
l'entreprise ne peut accorder des primes à ses travailleurs parce qu'elle est
déficitaire et sa situation financière est négative». Il poursuit «pourquoi ils
nous accordent aujourd'hui 30 000 DA puisque l'entreprise est déficitaire ?».
Un autre s'interroge «pourquoi, les responsables de la direction ont des
virements bancaires alors qu'ils sont censés avoir des comptes CCP?». Et
d'ajouter «nous exigeons une enquête sur la gestion de l'entreprise». Les
grévistes soutiennent, en outre, que les syndicalistes ne représentent qu'eux
même. «Ce sont des syndicalistes qui servent leurs propres intérêts et celui de
la direction», dira un des grévistes et de souligner «nous avons entre nos
mains des relevés de comptes, que nous avons pu avoir auprès de la mutuelle et
des œuvres sociales sur des prêts qui ont été accordés à certains syndicalistes
et n'ont jamais été remboursés», dira un travailleur en colère en exhibant des
numéros de comptes de certains syndicalistes. Enfin, les postiers en grève
depuis le 30 décembre dernier semblent décidés, plus que jamais, à poursuivre
leur mouvement de protestation jusqu'à, la satisfaction de leurs
revendications. «Si on obtient des réponses concrètes maintenant, on ouvrira
les guichets aux citoyens tout de suite et on servira nos clients jour et nuit»
nous dira un des grévistes. Pour sa part, le directeur général
d'»Algérie-poste» M. Mohamed Laid Mahloul, cité par l'aps, a déclaré être
disposé à prendre toutes les mesures nécessaires «pour redresser la situation»
réaffirmant de nouveau que la grève des postiers était «illégale». M. Mahloul a
souligné que la grève que les travailleurs de la poste s'obstinent à poursuivre
pour la 11ème journée consécutive, en dépit de l'engagement de la tutelle à
satisfaire toutes leurs revendications, «est absolument illégale», appelant les
grévistes à «assumer leurs responsabilités quant aux conséquences négatives qui
pourraient en découler». En réponse, à une question sur son départ revendiqué
par les grévistes, M. Mahloul a indiqué qu'»il n'était pas élu par les travailleurs
grévistes mais désigné» ajoutant qu'il s'agissait peut être d'une «tentative de
manipulation». A une question de savoir si l'engagement du ministère à prendre
en charge les revendications avait eu un impact sur le taux de participation à
la grève, M. Mahloul a déclaré que le mouvement de grève avait connu «un recul
ce mercredi» et qu'un grand nombre de centres postaux avaient «repris le
travail», sans donner de détails.